Des coutumes païennes de Norvège dans une loi chrétienne

Pour connaître les pratiques païennes, il est souvent utile d’étudier des textes de lois chrétiennes qui interdisent ces pratiques. En effet, pour interdire il faut nommer et parfois décrire ce qu’on interdit.

Le document étudié ici est la Eiðsifaþingslǫg: Kristinn réttr hinn forni (« Loi de l’assemblée du district d’Eiðsifa [en Norvège] : le droit chrétien a raison par rapport à l’antiquité »), écrit en 1268. En voici les extraits les plus intéressants :

« 24.1 : Aucune personne n’est autorisée à avoir dans sa maison un bâton [taillé de manière à représenter une divinité = stafr] ou un piédestal [sur lequel se trouvent des représentation des divinités = stallr ; c’est un « autel domestique » différent de l’autel en extérieur, nommé hörgr], ou de la magie [= vit] ou un sacrifice [= blót], ou ce qui appartient à la tradition païenne [= hæiðins siðar].

24.2 : A présent, si on découvre, dans une maison qui n’est pas verrouillée, un sacrifice [= blót], ou une effigie rituelle en pâte [= matblót] ou en argile [= leirblót], formée d’argile ou de pâte à laquelle on a donné forme humaine, il [le propriétaire] devra s’innocenter par un serment de bon droit [= lýritt]. Il aura une amende de trois pièces si le serment est invalide [parce que le nombre minimum de témoins valides n’est pas atteint].

24.3 : Mais si cela est découvert dans [un lieu] avec un verrou, ou dans une cuve, un coffre, des boîtes ou des caisses, alors celui qui possède la clé sera mis hors-la-loi [= exilé et déchu de la totalité de ses droits : c’est la peine maximale en droit scandinave ancien]. »

Pour illustrer ceci, un leirblot (figurine d’argile) daté du IVe ou Ve siècle, découvert à Spangereid dans la province de Vest-Adger, dans un contexte rituel (avec de la vaisselle décorée, des os humains incinérés, et un rouet à filer le lin) :

Leirblot (figurine d’argile) trouvée à Spangereid (Norvège). IVe ou Ve siècle.

La question des « effigies ayant forme humaine » se rapproche de pratiques interdites dans l’Indiculus superstitionum et paganiarum, catalogue de pratiques païennes interdites mais encore pratiquées sous Charlemagne chez des Germains du continent et des Gallo-romains. Les points 26 à 29 interdisent les effigies (simulacro) « faites de farine répandue », « faites de tissu », « promenées à travers la campagne », ainsi que « les pieds et les mains faits en bois selon le rite païen » (ex-votos déposés pour demander ou remercier d’une guérison, le membre malade est sculpté dans du bois et laissé dans la source ou le temple).

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