Articles tagués : culture du don

Faut-il se libérer du libéralisme ?

Le libéralisme est une philosophie bourgeoise, celle de l’individualisme possessif, dont le mythe fondateur est l’individu rationnel qui poursuit son intérêt bien compris, qui se décline en plusieurs dimensions.

Pour faire court, le libéralisme est l’idéologie d’accompagnement et de légitimation du capitalisme, sa vision du monde, son anthropologie subliminale, sa théologie sans dieu[x], remplacé[s] par la main invisible du divin marché.

S’il y a une déconstruction à faire, c’est bien celle-là, la déconstruction de la prétendue naturalité du marché – la déconstruction de la destruction et reconstruction marchande de l’homme et du monde. A ce point-là, tout ce qui est antilibéral est nôtre.

Si tout ce qui est antilibéral est nôtre, il faut bien comprendre que certaines positions antilibérales sont auto-contradictoires – notamment celle des antilibéraux étatistes. On a coutume d’opposer au libéralisme du marché la régulation étatique. Il faut bien comprendre qu’historiquement le développement de l’État moderne et celui du capitalisme sont intrinsèquement liés – c’est l’État qui a permis le développement du capitalisme en détruisant ou soumettant à sa loi et à celle du marché les communautés sociales autonomes et toutes les forces productives des populations.

L’État régalien qui a le monopole de l’émission de monnaies est une institution typiquement capitaliste. Au contraire, l’émission de monnaies (et de différents types de monnaies correspondant à leurs besoins réels) devrait être librement décidées par les communautés sociales – comme cela prend timidement place avec le crédit social, les systèmes d’échanges locaux, les monnaies complémentaires, les monnaies fondantes, etc.

Source : « Le libéralisme ne conduit pas à la liberté qu’il promet »

Catégories : Chroniques de l'Âge de Fer, Philosophie, Savoirs | Étiquettes : , , , , , , | 4 Commentaires

Pour ne pas perdre la tête, le retour aux sources !

Imbolc est une fête liée aux sources sacrées, vénérées depuis les temps anciens et intégrées dans le christianisme celtique. Le même phénomène s’est produit pour divers éléments des récits époques païens, qu’on retrouve dans les textes médiévaux du cycle arthurien.

Rereresource.jpg

Source sacrée de Cefn Meiriadog (Pays de Galles)

Sire Gauvain et le Chevalier vert est un roman chevaleresque de la fin du XIVe. Anonyme, il raconte l’histoire d’un chevalier du roi Arthur, Gauvain, portant pour écu le pentacle magique. Au détour d’un chemin, il rencontre un étrange chevalier à l’armure verte, qui lui propose un défi. Gauvain peut, s’il le veut, lui porter un coup de hache à condition qu’un an plus tard, si le chevalier vert a survécu, il lui rende le même coup. Gauvain accepte et décapite le chevalier vert d’un seul coup. Mais ce dernier se relève, ramasse sa tête et lui rappelle sa promesse. Commence alors pour le chevalier de la Table Ronde une errance semée d’aventures qui le conduira à se laisser frapper au cou par le chevalier vert, comme il l’avait juré un an plus tôt.

Cette histoire rappelle le code moral qui était celui des chevaliers, notamment leur courage et leur parole, mais les met également en garde contre leur absence de prudence et leur arrogance. Elle est surtout inspirée d’un thème de la mythologie celtique, qu’on retrouve par exemple dans le Festin de Briciu en Irlande, où un géant propose ce type de pacte à trois guerriers qui se disputent la part du héros à un festin. Alors que les deux autres se défilent, Cuchulainn insiste pour respecter sa promesse, même devant le refus du géant. Celui-ci l’épargne en le frappant de l’autre côté de la hache, et le consacre comme le plus grand héros d’Irlande, le faisant ainsi accéder à l’immortalité par le biais de la gloire éternelle.

A un moment de son voyage, le chevalier Gauvain s’arrête dans un lieu saint relatif à la décollation qu’il a promis de subir : la source de sainte Winefride. Cette dernière était une noble galloise décapitée en 660 pour avoir refusé les avances de Caradog, qui voulait l’épouser alors qu’elle voulait se faire nonne. Une source jaillit à l’endroit de son supplice, qui est encore un lieu saint de nos jours sous le nom de St Winefride’s Well, à Holywell, dans le Flintshire au Pays de Galles.

Source

A cet endroit est une chapelle, lieu de pèlerinage gallois depuis des temps immémoriaux. Une église y fut construite tôt au Moyen-âge, mais c’est de la fin du XVe s. que date le bâtiment que nous voyons ici. De style gothique, il entoure l’exsurgence de la source sacrée qui, dit-on, est reliée à celle de St Mary’s Well à Cefn Meiriadog, dans le Denbighshire au nord du Pays de Galles.

Re-resource.jpg

Si la chapelle de ce dernier lieu saint est totalement ruinée, celle de St Winefride’s Well évoque une forêt dense protégeant la précieuse source. En effet, les piliers de la chapelle sont traités comme des troncs d’arbres aux branches écotées et les nervures de la voûte, comme les ramifications de leurs cîmes. C’est comme si la nature était devenue art en ce lieu où le paganisme celtique est devenu catholicisme.

resource

Contribution de la page facebook « L’Art occidental » : https://www.facebook.com/LArt-occidental-969668349746851/?fref=ts. Vous souhaitez vous aussi partager vos traditions et faire rejaillir notre plus longue mémoire ? N’hésitez pas à envoyer vos contributions par commentaire, mail à chatporon@hotmail.com, ou pigeon voyageur !

Catégories : Architecture, Arts | Étiquettes : , , , , , , | Un commentaire

DNH #20 : La question de l’avoir (III) : Qui est Mammon ?

logo-limite-def2

L’argent n’a pas d’odeur, pourquoi conserverait-il une texture ? Aussi y a-t-il surtout le relevé bancaire et la petite carte de plastique, qui n’est pas l’argent lui-même, mais la possibilité d’entrer avec lui en communication mystique – petite carte contre laquelle le sauvage eût échangé beaucoup moins que contre un coquillage ou un beau dessin aux crayons de couleurs.

Telle est la curiosité de la chose, mais, on le sait, ce n’est pas la chose qui compte ici, c’est le signe – le signe plus que cabalistique. L’argent est d’abord une écriture, une reconnaissance de dette signée par l’État ou quelque Banque plus ou moins centrale. Or derrière une dette, toujours, se dissimule un acte fondamental qui, ici, cependant, n’ose pas s’avouer : l’acte de foi. La monnaie est fiduciaire. Elle repose sur la confiance faite au signataire de la dette qu’il aura le pouvoir de la solder. Mais avec quoi nous la soldera-t-il ? Une autre reconnaissance de dette ? Et comment se fait-il que cet argent qui n’est pas d’argent nous apparaisse comme tout le contraire d’un objet de foi – à savoir comme ce qu’il y a de plus évident, plus évident que la science elle-même, puisque c’est désormais la condition des recherches scientifiques ? Est-ce parce que tout le monde s’adonne à cette confiance sans réflexion, comme dans une hallucination collective ?

Source : DNH #20 : La question de l’avoir (III) : Qui est Mammon ?

Catégories : Chroniques de l'Âge de Fer | Étiquettes : , | Poster un commentaire

Un autel franc selon l’Ancienne Coutume

(Article rédigé par Baldric Hartmann, chef du clan Liddle Franke de l’association Les Enfants d’Yggdrasill)
Dans beaucoup de pratiques païennes du monde entier, il y a des autels aux Ancêtres et aux Dieux, que ce soit dans le shintoïsme, le bouddhisme… Il en va de même pour nos traditions européennes, y compris dans l’Àsatrù. Mon autel qui est en photo est un exemple parmi d’autres et évoluera sans doute au fil du temps.

1 – L’utilité :
Il est utile pour la pratique quotidienne et domestique, permet à ceux qui n’ont pas de jardin de pouvoir vivre leur culte (seul ou accompagné), le mieux étant avec la famille sauf s’ils ne partagent pas votre religion. Il permet aussi de se recentrer sur soi-même et de pouvoir célébrer les fêtes dans le cas où vous n’auriez pas de vé ou que vous n’avez pas le temps de vous y rendre (distance, emploi du temps chargé…).
La pratique à l’autel se fait le plus souvent à l’aurore, ou au crépuscule. Votre autel vous permettra de saluer et remercier vos Ancêtres, de prier une Divinité ou tout simplement de méditer.

2 – La conception :
Faire son autel est avant tout un acte personnel, clanique, ou familial. La conception est assez libre même si certaines règles peuvent entrer en compte en ce qui me concerne : il est préférable de prendre des objets issus de l’artisanat, en matériaux naturels, mais le mieux étant encore que ce soit fait de votre main (ou de membres de votre famille) afin de garantir la perpétuité ancestrale, un des plus grands fondements de notre religion.

autel baldric

 

À titre d’exemple (voir photo) : le bol central en terre cuite est fait par ma mère et permet d’y déposer les offrandes liquides (libations) ; celui en haut à droite également, fait par ma mère, recueille un peu de terre du vé, le sanctuaire où je pratique avec mon clan, cette terre étant chargée d’histoire et de bonnes énergies.
L’idole de Donar que vous pouvez voir à droite est faite main par moi même, il est accompagné d’une joubarbe (barbe de Jupiter, apparentée à Donar en mythologie comparée), utilisé pour repousser les mauvais esprits en Germanie du nord. Plus en bas vous pouvez voir une branche qui appartient au frêne que j’ai consacré pour accueillir les offrandes à ses racines. Il y a aussi des glands que j’ai récupérés en forêt et posé en guise d’offrande.
La pierre en bas à gauche du bol à offrande fût récupérée au pied du dolmen de Janville-sur-Juine, où furent inhumés les corps d’anciens Européens. Elle fut récupérée après avoir versé de la bière pour ces morts.

Juste en haut se trouve un encensoir que j’ai sculpté dans du bois et pyrogravé du futhark, l’encens (j’utilise du papier d’Arménie) permet d’annihiler les mauvaises ondes, de poser une ambiance non négligeable et d’imiter la fumée du foyer.
La corne à boire est essentielle pour verser les libations, car il est souvent considéré comme irrespectueux d’utiliser directement la bouteille ou canette pour notre culte.
La lucarne tout en haut désigne le feu de l’âtre, celui des halles des anciens, qui permettait – en plus de cuisiner- la pratique du culte domestique. J’ai simplement trouvé cet objet dans les encombrants, mais je l’ai restauré et elle est apte à traverser le temps et à être transmise à ma descendance.
Pour finir, la bouteille en haut à gauche permet de recueillir les offrandes liquides avant de les rendre à la terre via l’arbre sacré.

J’ai placé mon autel dans une alcôve de mon grenier face au couchant car je n’ai pas eu le choix. L’ouest représente une mort qui annonce déjà une renaissance à l’est, où je suis placé. L’idole de l’anse Donar se trouve donc au nord. Il est préférable d’avoir une fenêtre pour au moins voir le ciel, mais vous pouvez également placer votre autel dans votre jardin. Vous pouvez y placer des objets ancestraux dont vous auriez hérité, ou des photos de famille.
Pour conclure, la conception de votre autel est libre, le but étant que vous y soyez à l’aise et que vous en soyez le propre architecte (pas prédéfini par un quelconque vendeur d’autel qu’on peu voir sur le net).

 

3 – L’utilisation :
Prenez un peu de temps pour réfléchir, allumez votre bougie et méditez sur l’histoire de votre famille, une sagesse que vous aurait dévoilé votre défunt grand père/mère (ou votre clan, vos amis…). Accueillez les éventuels esprits des lieux à se joindre à vous.
Vous pouvez vous munir d’une boisson alcoolisée préalablement versée dans votre corne, mais aussi déposer des denrées naturelles (pas un plat préparé issu de la grande distrib’, quoi !). Cela peut être du pain, de la charcuterie, un fruit, du miel (pour ça vous pouvez utiliser un autre bol à offrande) ou même un objet…

Pour les remerciements aux ancêtres, vous pouvez le faire avant ou après manger le soir, en les invoquant avec des paroles respectueuses de votre confection. Il faut que cela vienne du coeur, mais vous pouvez vous contenter d’une formule tout faite,  comme « salut à vous, ancêtres de ma lignée ! ». Après avoir fini votre discours vous pouvez lever la corne en disant « hail ! » ou « heel » (selon votre tradition), trempez vos lèvres ou buvez une gorgée avant de verser dans le bol prévu à cet effet.
Vous pouvez très bien remercier vos ancêtres au sens large comme un membre défunt en particulier, voir même un couple, ou des oncles et tantes par alliance. Le lien du sang est important, l’alliance tout autant.

Si vous avez envie d’invoquer une Divinité, la procédure ne change pas vraiment. Si vous invoquez pour remercier, vous pouvez très bien offrir un élément en rapport avec une divinité qui vous aurait aidé. Par exemple, vous êtes partis en mer pour pêcher et avez eu une bonne pêche, vous pouvez très bien déposer un peu de votre prise (pas simplement les arêtes) ou bien un peu du plat que vous avez cuisiné avec, pour remercier Rán et Ægir.
N’hésitez pas à les saluer en contant leurs histoires ou hauts faits : « salut à vous Rán et Ægir, gardienne et gardien des océans, mère et père des neufs vagues, grands parents de Heimdall. Merci pour cette nourriture. Hail! »

La méditation est efficace pour se recentrer et se ressourcer après une journée bien remplie. Soyez confortablement installé et respirez. Pesez les bons éléments et les mauvais de votre journée, et tirez en de la sagesse pour vos jours futurs. Cette session que j’ai nommée « l’instant Mimir » peut permettre -si bien pratiquée- de se rééquilibrer, d’être en phase avec soi-même et le monde qui nous entoure.
Ne pensez qu’à la journée vécue et non au lendemain, ne procrastinez pas !
Après vous pouvez laisser cette journée s’éteindre à l’instar du soleil, en ne focalisant que sur la sagesse utile à votre vie. Laissez vous admirer la flamme et vous concentrer sur tous vos sens.


Vous pouvez mettre une musique adéquate (Hagall de Wardruna par exemple :p), allumer bougies et encens pendant cette séance.

N’hésitez pas à partager cet article s’il vous article plu.

Catégories : Rites, Salutations | Étiquettes : , , , , , , , , | 2 Commentaires

A la limite

 

« Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, bérets, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux. Bien sûr, nous avons appris à penser à Vienne, à rock’n’roller à Londres, à rêver à Hollywood, à innover à Silicon Valley… » Ainsi parlaient Marc-Georges Bennamou, Pierre Bergé et BHL dans l’édito inaugural de la revue Globe, mensuel branché des années 80.

Trente ans plus tard, voici Limite. Après le libéralisme à deux faces, l’écologie intégrale. Contre l’utopie des nouvelles Babel, l’espérance de Noé sur son arche. Globe rêvait d’un monde ouvert, homogène, traversé d’individus fluides et désaffiliés. Nous préférons un monde divers, multiple, riche de l’incroyable variété de ses paysages et des sociétés qui la peuplent. Et si nous voulons résolument nous réenraciner, si tout ce qui est jet set, offshore, Sofitel et CAC 40, bref, hors-sol ou indifférencié, nous est étranger, voire odieux, c’est que nous sommes nous-mêmes d’une génération précarisée, éparpillée.

[…]

On avait rêvé la fin de l’histoire, on se réveille avec le terrorisme islamiste, le changement climatique et le chômage de masse. Le Marché devait nous libérer, et c’est le chaos qui nous traque. Combien de fois, après le 13 novembre, avons-nous entendu la rengaine ? Il faut continuer à vivre comme avant, sans rien remettre en cause. Et de fait, en plein deuil national, les nouvelles de la Bourse nous parvenaient entre deux pages de pub. Consommez braves gens, comme si de rien n’était, et puis Noël approche. L’État-policier au secours de l’impérialisme marchand, le voilà le prix de la sécurité dans le désordre global : toujours plus d’artefacts, et moins de liberté. Nous n’avons connu que la société de marché, mais nous ne serons pas les agents du profit dans l’enclos sécuritaire. C’est une vie décente, plus simple et plus digne que nous voulons défendre. Et cela commence par des lieux et des communs, des solidarités locales et des souverainetés reconquises. Un retour à la politique, en somme, sans déni ni repli. Nous devons cela à nos morts. Ceux de janvier, ceux de novembre. Et ceux qui viendront après

Source : A la limite

(P.S. du Chat Poron : et les binioù vous le rendent bien)

Catégories : Chroniques de l'Âge de Fer | Étiquettes : , , , , , , , , | Un commentaire

Comment fêter les Douze Nuits de Yule ?

Vous pouvez trouver à cette adresse la version 2015 du guide « Les Douze Nuits de Yule, fêter le solstice d’hiver dans la tradition germano-scandinave », réalisé par le Clan Ostara : Les Douze Nuits de Yule

L’année est sans doute le meilleur moyen de saisir la nature cyclique de notre existence. On est souvent trop habitué à la succession des aubes et des crépuscules, et trop occupé au quotidien, pour les célébrer dignement. La lune a été bannie de notre vision du monde ; et les évènements de la vie, de la naissance au décès, sont trop espacés pour faire transparaître nettement la courbure du temps qui les relie.

Le calendrier annuel, lui, montre clairement le flux et le reflux des jours et des nuits. Il comporte un point d’inflexion fondamental : la période du solstice d’hiver, où les jours sont les plus courts mais pourtant marquent le début du racourcissement des longues nuits glacées. Des constructions mégalithiques telles que le cairn de Gavrinis ou le tumulus de Newgrange sont orientées au lever du soleil à cette date, indiquant qu’elle est considérée comme sacrée en Europe depuis au moins 5500 ans. Aucune trace de sa célébration par des druides ne nous est parvenue, mais les traditions baltiques (Kučios et Kaledos), slaves (Korochun ou Koliada), romaines (Saturnales, puis le Dies Natalis Solis Invicti) et scandinaves (Jul) montrent qu’ils s’agissait d’une période particulière dans le calendrier européen.

Lire la suite

Catégories : Fêtes, Rites | Étiquettes : , , , , , , , | 5 Commentaires

Conseils de Cuchulainn à son fils adoptif Lugaid

« Ne sois pas excitateur de querelles stupides. Ne sois pas fougueux, vulgaire ou hautain. Ne sois pas peureux, violent, prompt, téméraire. Ne sois pas un de ces ivrognes qui saccagent et qu’on méprise. Prends garde de ne pas te faire comparer à une puce qui gâterait la bière de ceux que tu supervises. Ne fais pas de trop longs séjours sur la frontière des étrangers. Ne fréquente pas des hommes obscurs et sans puissance. Ne laisse pas expirer les délais de la prescription contre une injustice. Que les souvenirs soient consultés pour savoir à quel héritier doit revenir la terre contestée. Exige conscience et équité de la part des conseillers que tu appelleras. Que les enfants soient régulièrement inscrits sur les arbres généalogiques. Que les héritiers deviennent riches, si tel est leur bon droit. Que les détenteurs étrangers aux familles s’en aillent, et cèdent la place à la noble force des successeurs légitimes.

Drapeau du Haut-Roi d'Irlande, dignité promise à Lugaid Riab nDerg s'il suit ces conseils

Drapeau du Haut-Roi d’Irlande, dignité promise à Lugaid Riab nDerg s’il suit ces conseils

Ne réponds pas avec orgueil. Ne parle pas bruyamment. Évite la bouffonnerie. Ne te moque de personne. Ne trompe pas les vieillards qui ne peuvent défendre leur droit. N’aie de prévention contre personne. Ne demande rien qui outrepasse le pouvoir de celui qui t’obéit. Ne renvoie aucun solliciteur sans réponse. N’accorde, ne refuse, ne prête, ne promets rien sans de bonnes raisons. Reçois humblement les enseignements des sages. Souviens-toi qu’une loi ancienne qui a fait ses preuves est meilleure qu’une loi nouvelle. Vénère nos ancêtres. N’aies pas le cœur froid pour tes amis, sois sans pitié pour tes ennemis. Veille qu’en toutes circonstances ton honneur soit sauf. Ne sois pas un conteur qui ne sait pas s’arrêter. Ne persécute personne. N’amasse rien qui ne soit pas utile ; le reste, donne- le. Ne laisse pas une iniquité sans réprimande. Que ta justice ne soit pas corrompue par les passions des hommes. Respecte le bien d’autrui. Ne sois pas querelleur pour ne pas être haï. Ne sois pas paresseux pour ne pas être faible et dédaigné. Ne t’agite pas sans raison, si tu veux être considéré. Consens-tu à suivre ces conseils, mon fils ? »

Extrait de Cuchulainn of Muirthemne, écrit par Lady Augusta Gregory en 1902 en se basant sur des traditions orales irlandaises

Catégories : Arts, Poésie | Étiquettes : , , , , , , , | Un commentaire

Le Blaireau, le Porc-épic et le Renard : ouste !

Les anciens calendriers du nord de l’Europe font commencer la saison claire début mai. Dans la tradition rhénane, en particulier telle qu’elle a été conservée en Pennsylvanie, les Géants du givre tentent, pendant la première demi-lune qui suit le premier jour de mai, de renverser l’ordre cosmique et de prendre le contrôle de la partie claire de l’année. C’est vraisemblablement en lien avec les textes scandinaves qui parlent du Fimbulvetr, le Terrible-Hiver, qui durera trois ans consécutifs et annoncera la fin de notre ère dans un chaos fratricide où les traditions seront profanées.

Butzemann des hauts de Saverne

Le treizième jour de mai, c’est le Blaireau du Treize (Drizehdàcks en alsacien, Drizehdax en franconien) qui surgit des zones sauvages situées hors du Mettelgàrt, le domaine des Humains. Dünner, le plus fort des Dieux, fait usage de sa massue-tonnerre pour lui infliger la correction qu’il mérite. Après qu’il se soit carapaté pour lécher ses plaies, le lendemain arrive Vatzehvedder, le Porc-épic du Quatorze. Cette fois, Dünner monte la garde et apprend au Butzemann, l’Esprit protecteur de chaque territoire habité des Humains, à le repousser, puisqu’il est moins virulent que le Blaireau du Treize si on sait comment s’y prendre. Alors que Porc-épic Quatorze rumine son humiliation, arrive dans les vingt-quatre heures suivantes le Fufzehfucks (Fuffzehfux en franconien), le dernier Géant du givre. Celui-ci est particulièrement rusé et prend la forme d’un goupil, le Renard Quinze, qui s’approche lentement de l’enclos des Humains et le franchit subrepticement. Heureusement, le Butzemann veille au grain et repousse courageusement ce vil couard qui glapit en s’enfuyant. Si nécessaire, par exemple si les forces de l’hiver sont plus coriaces qu’à l’accoutumée ou le Butzemann local un peu naïf, Dünner lui donne un coup de main.

Fosse à offrandes Saverne 16 mai 2015C’est d’ailleurs ce qui s’est passé cette année en Alsace, puisque nous avons eu droit à un bel orage. Le 16 mai, profitant d’une promenade dans les Vosges, nous avons donc procédé à une cérémonie d’offrande à Wogesen (Vosegus en latin), le maître des Esprits du massif qui domine la plaine jusqu’au Rhin. Après une belle marche, nous sommes arrivés à un endroit particulièrement propice possédant un petit autel moussu, un immense frêne en guise d’Arbre-Monde qui était entouré de branches de chêne pour bénir l’endroit, des roches propices à l’accueil des Esprits, et également une fosse à offrandes. Les fumigations et invocations d’usage furent suivis de libation de bière en l’honneur des Ancêtres d’un participant, de Guldzàhn qui veille sur l’arc-en-ciel dans son château au sommet du Himmelsbarg (la montagne céleste), de Dünner notre ami protecteur et de son père Wüati (Odin), et bien évidemment de Wogesen et des siens.

Cette année encore, l’été et nos fidèles alliés ont vaincu les Géants du givre, porteurs du chaos et ennemis de la vie. Alors que la lueur des bougies dédiées à nos Ancêtres et nos Descendants ont vacillé avec le vent qui soufflait en haut des Vosges, celle en l’honneur de nos vivants Amis a fièrement tenu tête aux éléments. Aussi longtemps que nous vivrons, entretenant notre mémoire et la transmettant à ceux qui nous suivent, perdureront nos coutumes : respect de la parole donnée, hospitalité et harmonie de nos communautés, honneurs rendus à nos terres sacrées au fil des saisons.

Lieu blot 16 mai Saverne

Catégories : Fêtes, Rites | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , | Poster un commentaire

Amérindiens, Européens, et religions indigènes

Un récent article bâclé sur un jounal en ligne (V**e.com), qui semblait visiblement n’être là que pour attirer les clics, a épinglé un leader du paganisme germano-scandinave nord-américain comme étant « raciste ». Il se trouve que deux traductions de déclarations de chefs religieux indigènes étaient dans les cartons de notre blog. Voici donc, sans commentaire particulier autre que des mises en gras. D’abord, la phrase qui est censée être raciste, puis une déclaration de mars 2003 d’Arvol Looking Horse, chef Lakota reconnu, puis une déclaration du prétendu raciste germano-scandinave.

Je n’ai jamais dit que des non-Européens ne pouvaient pas pratiquer l’Asatru [la religion traditionnelle germano-scandinave]. Mais je me demande juste pourquoi quiconque voudrait suivre une religion indigène européenne, alors que la religion de leurs ancêtres est toute aussi valide et digne d’être suivie. Je me demande ce que peuvent ressentir leurs propres ancêtres quand ils sont ainsi négligés.

On tremble devant une telle déclaration de suprémacisme racial. Par contre, chez Arvol Looking Horse, ça rigole déjà un peu moins…

Il a été décidé que, à partir du 9 mars 2003, il n’y aura plus de non-indigènes autorisés à être présents dans notre Ho-c’o-ka (notre autel sacré) pendant nos Sept Rites Sacrés. […]

Ne vous laissez pas tromper par la moustache, c'est le réincarnation d'Adolf Hitler.

La moustache prouve bien qu’il ne s’agit pas de la réincarnation d’Adolf Hitler.

Durant la Wi-wanyang-wa-c’i-pi (la Danse du Soleil), les seuls participants seront des indigènes. Les non-indigènes doivent comprendre et respecter notre décision. Si certains non-indigènes sentaient qu’ils devaient y participer prochainement et s’inquiètent de notre décision, ils doivent comprendre que nous avons été guidé vers ce choix lors de nombreuses prières. Notre but lors de la Danse du Soleil est la survie de nos futures générations, et ce avant toute autre chose. Si les non-indigènes comprennent ce but, ils comprendront aussi notre décision, et sauront que leur départ de notre site sacré est leur sincère contribution à la survie de nos générations futures. […]

Il a aussi été décidé que seuls les Lakotas, Dakotas, Nakotas, auront droit de mener une cérémonie liée à notre autel sacré. […] Il n’y aura aucun frais d’entrée pour participer à une de nos cérémonies sacrées. La seule obligation à ce niveau l’o-pa-g’i, qui consiste à offrir du tabac consacré, que l’Homme-Médecine peut accepter ou refuser. Les Hommes-Médecine doivent survivre, et si quelqu’un veut donner une contribution monétaire ou quelque cadeau que ce soit, après avoir participé à la cérémonie, si celui vient de leur coeur, il n’y a aucun problème à cela. Nous croyons que les Anciens nous permettent de survivre dans le monde moderne, et tous les présents, que ce soit de l’argent, des vêtements, de la nourriture ou quoi que ce soit d’autre représente notre gratitude par rapport à l’aide qu’ils apportent. Certains peuvent se permettre de gros cadeaux, d’autres non. Cela s’équilibre. […]

Je remercie tous les non-indigènes qui ont permis à notre Peuple de récupérer nos talismans sacrés. J’ai pu échanger avec eux en privé, et prendre connaissance de leur profonde sincérité dans l’aide qu’ils apportent à notre Nation pour permettre la survie de notre mode de vie traditionnel, pour les générations à venir. Ils nous ont été à restaurer l’honneur de nos sanctuaires et de nos talismans. […]

Il y a aussi eu des discussions pour savoir si seuls les membres des tribus des Plaines pouvaient participer à nos cérémonies sacrées. Dans les années 70, le chef Fools Crow et mon père Stanley Looking Horse autorisèrent les membres des autres Nations Amérindiennes à participer à ces rites. La raison était que beaucoup de ces Nations avaient perdu leurs traditions à cause de l’assimilation ou de la mort de leurs sages. Ils ont donc honoré et compris l’unité des Nations Amérindiennes, au vu de l’aide apportée lors de l’occupation de Wounded Knee. Je ne peux revenir sur leur décision à cause du respect que je leur dois. Il a aussi été dit tout au long de notre histoire que nous avons respectueusement convié à nos cérémonies d’autres Nations Amérindiennes. […]

Dans le Cycle Sacré de la Vie, il n’y a ni début ni fin !

(Chef Arvol Looking Horse, 19ème génération des gardiens de la pipe du bison blanc)

Et c’est bien normal. N’est-ce pas leur droit le plus strict ? Qui serions nous pour venir leur dicter ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire ? Nous autres, indigènes européens, nous laissons ce genre de droit d’ingérence aux colonialistes, et le « devoir d’ingérence » aux mondialistes néolibéraux, grands criminels contre l’humanité de notre époque, qu’ils fassent la guerre « sans l’aimer » ou non.

Pour finir sur une note plus positive, une déclaration un peu plus longue du chef religieux germano-scandinave incriminé :

Asatru – pourquoi nous devons soutenir tous les peuples indigènes

Mon rôle dans le mouvement Asatru a, pour ainsi dire, défini ma vie. Ceux qui me connaissent, toutefois, savent que j’ai fait un certain nombre de choses peu courantes en plus de la religion germanique. Je suis allé au nord de l’Inde interviewer des Tibétains qui luttaient contre l’occupation chinoise. J’ai campé avec les guérilleros Karen dans les jungles de Birmanie, qui défendaient leur identité contre un gouvernement tyrannique. On parle moins de mon soutien au militant démocrate nigérian Ken Saro-Wiwa, et de toutes les autres occasions où j’ai joint ma voix aux causes des peuples indigènes de la planète.

Pourquoi quelqu’un d’occupé à promouvoir notre foi germanique se donne t-il cette peine ? Que peut bien me faire ce qui arrive aux Tibétains, aux Birmans, aux Nigérians ? Nous autres Germains n’avons-nous pas assez de problèmes ?

En tant qu’Européen, et en tant que pratiquant d’une foi indigène européenne, l’Asatru, j’ai l’obligation spirituelle de m’occuper et de défendre mon propre héritage. Mais, même si c’est moins évident, il n’en est pas moins vrai que je dois aussi prendre en compte le destin des autres peuples.

Au final, nous autres Européens sommes dans le même bateau que les Tibétains, les Karens, ou les tribus amazoniennes. Nous essayons tous de préserver notre peuple, notre culture, nos religions indigènes, dans un monde où les multinationales et les gouvernements liberticides détruisent tout sur leur passage, afin de dénaturer l’Humanité en un amas des « gens normaux » déracinés, capables uniquement de produire, de consommer, et d’obéir. Où sera t-elle donc, cette liberté germanique dont certains se vantent ? Qu’arrivera t-il à cette fameuse « âme nordique », à notre tendance faustienne qui nous pousse à nous élever, quand nous serons esclaves dans la plantation mondiale des banquiers et des élites industrielles ? C’est simple : il n’en restera rien. Et le seul moyen d’empêcher cette mort par homogénéisation est d’être chacun ce que nous sommes, d’honorer chacun ce qui nous rend uniques. Nous devons le faire en tant qu’Européens, et devrions encourager les autres à faire de même.

A tel point qu’on a parfois raconté dans mon dos que je « voulais aider toutes les races sauf la mienne ». Non seulement cela dénote une vision un peu biaisée des choses, mais c’est faux. Mon propre peuple restera le plus proche de mes yeux, de mon cœur, de mes mains dévouées à faire le bien autour de moi. Mon amour, et surtout mes devoirs, me poussent en priorité vers lui, et je pense que c’est tout à fait naturel.

L'accusé semble plaider non-coupable.

L’accusé semble plaider non-coupable (mais la question devrait tout arranger)

Mais le monde n’est pas un jeu à somme nulle, et il y a énormément de situations gagnant-gagnant à des problèmes globaux. Même s’il peut y avoir compétition dans certains situations, tous ceux qui veulent préserver leur identité face à la monoculture mondialisée, quelle que soit leur langue ou leur couleur de peau, ont un but commun. Si les libéraux veulent nous vendre du soda fait aux États-Unis et des jouets faits en Chine, il doivent d’abord nous « moderniser ». C’est évidemment à double-tranchant : cela peut avoir des impacts positifs, mais le processus tel qu’il est programmé nous mène à marche forcée vers la destruction de toute forme d’échange interpersonnel gratuit, pour prêter allégeance à la banque et à la télévision. Drôle de manière de fabriquer des « citoyens du Monde ». Cela vaut aussi bien pour les Occidentaux que pour les sociétés tribales du Tiers-Monde, et rien ne serait plus terrible pour ceux qui veulent préserver leurs liens sociaux au XXIème siècle.

L’écologie fait aussi partie de cette lutte. L’industrialisation et l’exploitation des ressources naturelles ne prend pas en considération les besoins des écosystèmes et des peuples locaux qui sont les plus directement touchés. Au moment même où j’écris ces lignes, les derniers habitats forestiers du tigre de Sumatra sont détruits pour fabriquer du papier toilette ! Si cela vous semble trop lointain pour vous inquiéter, pas de soucis, il y a une longue liste d’espèces plus ou moins photogéniques qui sont en train de disparaître à moins de 100 kilomètres de chez vous. Les peuples, comme les animaux, sont adaptés à un écosystème particulier, et en l’affectant vous menacez leur existence-même.

Je suis fier de me tenir aux côtés de tous ceux qui sont fidèles à leurs traditions et à leur lignée face au naufrage de la mondialisation. C’est le plus grand défi de notre ère, et il consiste en notre devoir vis-à-vis de nos ancêtres comme de nos descendants, qui vivront dans le monde que nous sommes en train de forger par nos choix. Vous voulez un combat héroïque ? Pas la peine de fantasmer sur le passé – nous avons la chance de vivre au plus grand Âge des Héros qui ait jamais été !

Salut aux Dieux ! Salut à l’Asatru !phteven

Steve McNallen (Copyright © Asatrú Folk Assembly)

Tremble, monde libre : le fascisme écologiste anti-impérialiste est à tes portes. Très sainte consommation, priez pour nous et l’intercession de la main invisible du marché unique !

Catégories : Anthropologie, Chroniques de l'Âge de Fer, Savoirs | Étiquettes : , , , , , , , , , | Un commentaire

« La fabrication traditionnelle du cidre à Saint-Pierre-de-Plesguen » (Haute-Bretagne)

Pressage collectif sur paille, à Quistinic, (marquisat de Pontcallec, en Bas-Vannetais)

Pressage collectif sur paille, à Quistinic (marquisat de Pontcallec, en Bas-Vannetais)

http://www.mordusdelapomme.fr/spip.php?article76 : Un article très détaillé et fort intéressant un pan fondamental de la gastronomie bretonne. L’auteur ajoute force détails et anecdotes juteuses, sans compter les termes en gallo, la langue d’oïl locale du pays de Saint-Malo. L’accent est en particulier mis sur la relation profonde qui lie la terre, les variétés de pommiers, et le savoir-faire ancestral des paysans. Le cidre est donc considéré comme faisant partie du patrimoine de la ferme, qu’on se plaît à faire découvrir aux invités comme une marque d’hospitalité.

Catégories : Gastronomie, Savoirs | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , | Poster un commentaire

Propulsé par WordPress.com.