« Ni le non-être l’existait alors, ni l’être.
Il n’existait ni l’espace aérien, ni le firmament au-delà.
Qu’est-ce qui se mouvait puissamment ? Où ? Sous la garde de qui ?
Était-ce de l’eau, insondablement profonde?
Il n’existait en ce temps ni mort, ni non-mort ;
Il n’y avait pas de signe distinctif pour la nuit ou le jour.
L’Un respirait de son propre élan, sans qu’il n’y ait de souffle.
En dehors de cela, il n’existait rien d’autre.
À l’origine, les ténèbres étaient cachées par les ténèbres.
Cet univers n’était qu’onde indistincte.
Alors, par la puissance de l’Ardeur, l’Un prit naissance,
Principe vide et recouvert de vacuité.
Le Désir en fut le développement originel,
Désir qui a été la semence première de la conscience.
Enquêtant en eux-même, les poètes surent découvrir
Par leur réflexion le lien de l’être dans le non-être.
Leur corde était tendue en transversale.
Qu’est-ce qui était au-dessous? Qu’est-ce qui était au-dessus?
Il y avait des donneurs de semence, il y avait des pouvoirs.
L’élan spontané était en bas, le don de soi était en haut.
Qui sait en vérité, qui pourrait ici proclamer
D’où est née, d’où vient cette création ?
Les dieux (sont nés) après par la création secondaire de notre monde.
Mais qui sait d’où celle-ci même est issue?
Cette création secondaire, d’où elle est issue,
Si elle a fait l’objet ou non d’une institution,
Seul celui qui surveille ce monde au plus haut firmament le sait…
A moins qu’il ne le sache pas ? »
(Nasadiya Sukta – Rig Veda, X, 129, trad. Louis Renou)

« Je vous prie de m’écouter
vous tous de la famille bénie
des enfants de Heimdalr [= les Germains] ;
Tu veux, Valföðr [« père des tués » = Odin],
que je raconte bien
les plus lointains des anciens savoirs
dont je me souvienne.
Je me rappelle les géants
nés aux temps anciens
ceux qui anciennement
m’ont nourrie jusqu’à l’âge adulte ;
je me souviens de neuf mondes,
et de neuf géantes,
et le célèbre arbre-ordonnateur de la mesure
encore sous la terre.
En ces temps anciens
où [le Géant primordial] Ymir s’était installé là,
il n’y avait ni sable ni mer
ni fraîches vagues ;
La terre n’existait pas
ni le ciel au-dessus,
seulement un gouffre immense
et d’herbe point.
Les fils de Burr [Odin et ses deux frères], d’abord,
ont rehaussé les terres
où Miðgarðr [le monde des Humains] se trouve,
glorieusement façonné par magie;
la Soleil a brillé du Sud
sur la salle en pierre,
alors dans le sol
ont poussé de verts poireaux.
La Soleil, depuis le Sud, tendit
sa main au Lune pour avoir une place confortable
tout autour du ciel ;
la Soleil ne savait pas
quelle demeure elle avait,
les étoiles ne savaient pas
quel logement elles avaient,
le Lune ne savait pas
quelle puissance il avait.
Alors toutes les puissances sacrées
s’installèrent sur les sièges de jugement,
les dieux, divinités suprêmes
et de ceci ils délibérèrent :
Ils attribuèrent des noms
à la nuit et à ses descendantes,
ils nommèrent le matin
et le milieu du jour,
les heures du jour et celles du soir,
ils comptèrent les années. »
(Völuspá, §1-6, trad. Yves Kodratoff)
Des os et débats