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Friedrich Hölderlin, poète pré-néo-païen

Lorsque j’étais enfant

« Lorsque j’étais un enfant,
Un dieu souvent m’a sauvé
Des cris et des sollicitations des humains.
Je jouais, alors, sain et sauf,
Avec les fleurs du bois,
Et les brises du ciel
Jouaient avec moi.


Et, de même que tu mets
Le cœur des plantes en joie,
Quand elles tendent vers toi
Leurs bras délicats,
Tu as mis mon cœur en joie,
Ô Soleil, mon père ! Et tu étais
Mon calendrier préféré,
Ô Lune bénie.


Ô vous tous, Dieux
Amicaux et fidèles !
Si vous pouviez savoir
Comme mon âme vous a aimés !


Certes, je ne vous appelais pas
En ce temps-là par des noms, et vous non plus
Vous ne me nommiez pas comme les hommes se nomment
(Comme s’ils se connaissaient !).


Mais je vous connaissais mieux pourtant
Que j’ai jamais connu les hommes,
Je comprenais le silence de l’éther :
Je n’ai jamais compris la parole des hommes.


L’harmonie fut ma mère
Dans les bois qui fredonnent,
Et c’est parmi les fleurs
Que j’appris à aimer.


C’est dans les bras des dieux que j’ai grandi. »

(Bien que Friedrich Hölderlin (1770-1843) ait vécu avant que les mythes scandinaves ne soient connus du grand public, et avant qu’il ne soit attesté que les mythes scandinaves et les mythes germaniques étaient similaires, son oeuvre poétique est marquée par des références aux mythes grecs (il appelle par leurs noms gréco-romains le Soleil, la Lune, et le calendrier luni-solaire des anciens païens européens). Il va même plus loin, en affirmant un lien intime avec des puissances divines, qu’il voit dans la Nature – la Nature extérieure comme la nature humaine. Comme d’autres poètes romantiques allemands, son oeuvre a directement inspiré la naissance des premiers mouvements néopaïens européens, et a donc contribué à la renaissance actuelle des religions ethniques européennes.)

Da ich ein Knabe war

Da ich ein Knabe war,
rettet’ ein Gott mich oft
vom Geschrei und der Rufe der Menschen,
da spielt’ ich sicher und gut
mit den Blumen des Hains,
und die Lüftchen des Himmels
spielten mit mir.

Und wie du das Herz
der Planzen erfreust,
wenn sie entgegen dir
die zarten Arme strecken,
so hast du mein Herz erfreut,
Vater Helios!
und, wie Endymion,
war ich dein Liebling,
heilige Luna!

O all ihr Treuen
freundlichen Götter!
Daß ihr wüßtet,
wie euch meine Seele geliebt!

Zwar damals rief ich noch nicht
Euch mit Nahmen, auch ihr
Nanntet mich nie, wie die Menschen sich nennen
Als kennten sie sich.

Doch kannt’ ich euch besser,
Als ich je die Menschen gekannt
Ich verstand die Stille des Aethers
Der Menschen Worte verstand ich nie.

Mich erzog der Wohllaut
des säuselnden Hains,
und lieben lernt’ ich
unter den Blumen.

Im Arme der Götter wuchs ich groß.

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Relocaliser la vertu : pour un Grand Recentrement païen

La vertu, pour un païen européen, c’est le fait de tendre en permanence vers l’excellence dans l’accomplissement de ses devoirs moraux. Le but de cet article n’est pas de discuter de la vertu en tant que telle, c’est-à-dire des différents devoirs moraux qui s’appliquent à chacun : d’une part ils varient selon les personnes, d’autre part les avis à ce sujet sont parfois variés. L’idée ici est plutôt d’observer une dérive de l’idée de vertu et de son application, dans un contexte de mondialisation marchande qui s’accompagne d’une monétisation effrénée de l’image des personnes et des marques.

Les traditions païennes européennes insistent sur l’importance des valeurs de solidarité, de générosité, d’hospitalité, valeurs qui sont aujourd’hui particulièrement revendiquées par des groupements politiques dits « de gauche » ; mais nos traditions insistent également tout autant sur l’importance de l’indispensable réciprocité (rendre cadeau pour cadeau mais coup pour coup), de la parenté, de la territorialité, qui sont aujourd’hui essentiellement revendiquées par des groupements politiques dits « de droite ». L’adhésion à certaines idéologies modernes tend donc à occulter tout un pan de notre héritage éthique – l’un ou l’autre selon les cas.

Les textes légaux et éthiques que nous avons conservé sur les mondes celtiques et germano-scandinaves, en particulier le Hávamál (long poème qui contient les conseils de comportement donnés par le dieu Odin), rejoignent en grande partie le discours de nombreux philosophes gréco-romains, en particulier les Stoïciens. L’un d’entre eux, Hiéroclès, nous a laissé un fragment de papyrus qui contient ses Éléments d’éthique. Il y expose un concept désormais connu sous le nom de « cercles de Hiéroclès« , qui explique que notre place dans l’Univers est un point au centre de notre premier cercle, celui de notre foyer familial. Ce premier cercle est englobé par un autre cercle plus vaste, celui de notre famille élargie : grands-parents, oncles et tantes, frères et soeurs dont nous ne partageons pas le toit, cousins, neveux et nièces, etc. Ce cercle familial élargi est compris dans plusieurs autres cercles concentriques qui sont ceux des diverses communautés auxquelles nous appartenons, et dont nous sommes plus ou moins proches et solidaires : amis, voisins, collègues, membres de la même commune, région, nation, civilisation, etc. Les deux derniers cercles, les plus larges, sont ceux de l’humanité en général, puis celui des dieux et de la Nature.

Les cercles de Hiéroclès, réinterprétés par Kai Whiting dans Being Better, chapitre 6 et p. 119-120 (source : Stoa Gallica, association francophone pour un Stoïcisme contemporain)

Ces cercles de Hiéroclès présentent une vision similaire aux conceptions germano-scandinaves, qu’on résume souvent dans les milieux néopaïens par les termes de innangarð (« intérieur », tout ce qui est dans un cercle plus proche de nous) et utangarð (« extérieur », tout ce qui est dans un cercle plus lointain, par exemple un pays étranger par rapport au nôtre, un autre village par rapport au nôtre, la famille voisine par rapport à la nôtre, etc), bien qu’ils n’aient pas tout à fait cet usage historique.

Les néopaïens germano-scandinaves sont parfois plus orientés vers les cercles les plus proches et l’exclusion des cercles les plus lointains. A l’inverse, la doctrine de Hiérioclès, connue sous le nom de cosmopolitisme stoïcien (« kosmopolitês » signifie « citoyen du monde » en grec), est parfois interprétée dans le sens d’un soutien à une forme de gouvernement mondial et/ou d’une volonté de dissolution des communautés nationales. En réalité, les deux traditions se rejoignent lorsqu’elles sont bien comprises. Hiéroclès lui-même a écrit que ce serait « de la folie de vouloir nous lier à ceux qui ne portent aucune affection envers nous, tout en négligeant ceux qui nous sont proches et ceux dont la Nature nous a pourvus ».

Le « citoyen du monde » moderne est incité à déporter toute son attention sur les cercles le plus extérieurs (tout en retirant évidemment « les Dieux » du cercle « les Dieux et la Nature »), au nom de l’antispécisme (traiter les autres espèces animales comme s’il s’agissait d’êtres humains) et de l’antiracisme (traiter les membres d’autres ethnies comme si ils étaient des membres de notre ethnie). Parallèlement, il y a un désintérêt grandissant pour les premiers cercles intermédiaires, ceux qui relient justement le point du « moi » au grand cercle cosmique des Dieux et de la Nature : foyer, famille élargie, communautés, présentés comme des entraves à la liberté individuelle. Ce cosmopolitisme mal compris nourrit la plupart du temps un égocentrisme caché, celui de la valorisation personnelle, en affichant publiquement une vertu factice qui ne coûte rien, puisqu’elle s’accompagne rarement d’actes concrets en-dehors des réseaux (a)sociaux.

Nos traditions ancestrales visent à nous rapprocher du plus grand cercle, celui des Dieux et de la Nature. Elles nous définissent aussi comme des « compatriotes du cosmos » (autre traduction possible de kosmopolitês, tout aussi exacte que « citoyens du monde »), car nous avons notre rôle à jouer dans l’ordre sacré mis en place par les Dieux : c’est même tout le sens de nos rites. La méthode utilisée est cependant tout à fait inverse, car elle est de se concentrer d’abord sur les cercles les plus proches. Il s’agit en quelque sorte d’un Grand Recentrement, d’une relocalisation païenne de la vertu. Tous nos efforts sont d’abord censés tendre vers le fait de traiter les membres de notre foyer comme nous nous traiterions nous-mêmes. Ensuite, et seulement ensuite, quand nous y sommes parvenus, traiter les membres de notre famille éloignée comme nous traitions les membres de notre foyer, puis comme nous-mêmes. L’étape suivante est de procéder ainsi avec le cercle d’après, par exemple celui des amis : les traiter comme s’ils étaient des membres de la famille élargie, puis des membres de notre propre foyer, puis comme nous-mêmes. Traiter les étrangers comme des membres de notre communauté nationale, ou des animaux d’autres espèces comme s’ils étaient humains, n’est donc cohérent qu’après un très long travail, autant dans l’exploration sans concession de notre psychologie intime que dans l’immense tâche sans cesse recommencée qui consiste à retisser des liens sociaux solides et réciproques.

Les défis de notre époque, dont font partie l’effondrement écologique et la disparition des cultures autochtones, sont mondiaux et demanderont probablement une coopération mondiale pour y faire face. Mais cette coopération ne peut avoir lieu sans d’abord rebâtir la structure interne de nos communautés, y compris et surtout en Europe.

(P.S. : Il va sans dire que l’auteur de ces lignes n’a aucunement l’intention de s’ériger en modèle de vertu ; ce sera déjà une grande chose s’il peut être un modèle en matière de recherche de la vertu)

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Un fleuve corse proclamé « entité vivante »

C’est une première sur le territoire de la République française ! En Corse, le collectif Tavignanu Vivu, UMANI et Terre de Liens Corsica-Terra di u cumunu ont rédigé une déclaration de droits pour le fleuve Tavignanu, inspirée du modèle de Déclaration Universelle des Droits des Rivières du Earth Law Center. Le texte, disponible ici, déclare notamment que :

« Le fleuve Tavignanu est une entité vivante et indivisible de sa source jusqu’à son embouchure, délimitée par son bassin versant, et dispose de la personnalité juridique.

En tant que personne juridique, le fleuve Tavignanu possède les droits fondamentaux suivants :
–  le droit d’exister, de vivre et de s’écouler;
–  le droit au respect de ses cycles naturels;
–  le droit de remplir ses fonctions écologiques essentielles;
–  le droit de ne pas être pollué;
–  le droit d’alimenter et d’être alimenté par des aquifères de manière durable; –  le droit au maintien de sa biodiversité autochtone;
–  le droit à la régénération et à la restauration;
–  le droit d’ester en justice.
»

L’attribution à un patrimoine naturel d’une personnalité juridique et de droits assortis est quelque chose qui existe déjà ailleurs dans le monde, par exemple en Amérique du Sud et en Australie, suite aux revendications des peuples autochtones pour le respect de leurs traditions sacrées.

Source : https://mrmondialisation.org/declaration-des-droits-du-fleuve-tavignanu-corse-une-premiere-en-france/

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Pourquoi les vers luisants luisent-ils ?

Pourquoi les vers luisants luisent-ils ?

Alors que le soleil s’est couché derrière les arbres, de minuscules étoiles vertes s’allument doucement sur le plancher d’humus.

Pourquoi les vers luisants luisent-ils ? Peu à peu, on ne voit plus qu’eux : la lune est nouvelle (pour ne pas dire noire) et le ciel est couvert.

Pourquoi luisent-ils donc ? Cela fait d’eux des proies parfaites, qu’on détecte à cent pas malgré leur petite taille qui les rend si vulnérables. Quelle mouche les a donc piqués, ces vers, pour s’afficher ainsi, alors même qu’ils n’ont pas d’option de monétisation sur le nombre de vues ni de cagnotte participative à remplir ?

Alors, pourquoi les vers luisants luisent-ils ? Ils luisent pour dire « je suis là ! », et ils le disent dans le plus beau des langages, celui de la beauté (qui est l’autre nom du bien).

Ils luisent pour que les autres vers sachent qu’ils ne sont pas seuls. Ils luisent pour se reconnaître entre semblables. Ils luisent pour se rencontrer et être fertiles ; ils luisent pour que, à travers les générations successives, se transmette ce qu’ils sont. Ils luisent parce que l’alternative (rester cachés pour survivre une ou quelques nuits de plus) signifie qu’ils périront de toute façon, sans que la lumière qu’ils portent ne puisse se perpétuer. Ils luisent pour que, année année, siècle après siècles, millénaire après millénaire, perdure cette lumière vacillante.

Et ce ver luisant isolé, pourquoi luirait-il alors qu’il est seul ? Il luit parce que, s’il est seul, s’il est le dernier de sa génération et plus encore s’il est le dernier de son espèce, luire c’est être et être c’est luire. Luire ou ne pas être, là est la question. S’il est le dernier et que tout est vain parce que voué à l’extinction, il est doublement important de luire, pour jouer sa part dans la symphonie cosmique et son rôle dans la sublime tragédie de la vie.

Voilà pourquoi les vers luisants luisent.

Pour cela, et pour offrir, à celui qui sait regarder, une des si nombreuses leçons que cache la Nature, source inépuisable de toute beauté et de toute sagesse.

LVCIO M. NIGRAE

Crédit photo : Timo Newton-Syms de Chalfont St Giles, Bucks, Royaume-Uni [CC-BY-SA-2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0), via Wikimedia Commons]

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Renouveau du paganisme scythe chez les Ossètes du Caucase

Cet article est une compilation d’extraits traduits de « Scythian Neo-Paganism in the Caucasus: The Ossetian Uatsdin as a Nature Religion », une publication de Richard Foltz (université de Montréal), spécialiste de l’ethnologie religieuse dans le Caucase.

Les Scythes étaient un peuple de guerriers et d’éleveurs nomades, de langue indo-européenne (iranienne), qui ont dominé les steppes eurasiennes tout au long du premier millénaire avant notre ère, entre l’actuelle Ukraine et les frontières de l’actuelle République Populaire de Chine. Une de leurs branches, les Alains, ont à la fois servi et combattu l’empire romain, certains d’entre eux allant jusqu’en Gaule. Ils nous sont connus à travers les récits d’Hérodote et d’autres écrivains grecs de l’Antiquité. La langue des Scythes et nombre de leurs coutumes culturelles survivent aujourd’hui chez les Ossètes du Caucase central, à cheval entre la Fédération de Russie et la Géorgie. Une tentative de faire revivre leur ancienne religion est en cours depuis la chute de l’Union soviétique en 1991.

La religion ossète est généralement considérée comme ayant suivi l’évolution historique suivante :

1) Un paganisme original scythe – c’est-à-dire de type iranien archaïque, proche des autres paganismes indo-européens,
2) Christianisation superficielle sous l’influence byzantine (et géorgienne) entre le Xe et le XIIIe siècle,

3) Une « re-paganisation », au cours des XIVe et XVe siècles, en raison de l’interruption des contacts avec Byzance à la suite des invasions mongoles,

4) Une « re-christianisation » partielle au cours des XVIe et XVIIe siècles à cause des missionnaires de Géorgie,

5) Une autre re-christianisation par les missionnaires russes à partir de la fin du XVIIIe siècle

6) Un athéisme imposé à une population encore superficiellement christianisée, pendant toute la période soviétique de 1920 à 1991,

7) Une « résurgence du paganisme ossète traditionnel », qui a été renommé Ætsæg Din et maintenant plus populairement l’Uatsdin, signifiant la « vraie » ou « sainte » religion, de la fin des années 80 à nos jours.

Une proportion importante de la population – peut-être 20 % – est tombée sous l’emprise de l’islam à travers des contacts avec ses voisins. Mais en fait, la vie rituelle populaire des Ossètes « musulmans » et « chrétiens » est à bien des égards identique. De nombreuses divinités ossètes les plus importantes portent des noms dérivés de ceux des saints chrétiens et ne conservent pas directement leurs appellations iraniennes originales.

Le titre du dieu créateur suprême, Khuytsauty Khuytsau («Dieu de tous les dieux»), est entièrement iranien. Kurdalægon, le forgeron céleste (la forge étant une activité vitale pour les Ossètes prémodernes et leurs ancêtres guerriers les Alains), est également une figure iranienne facilement reconnaissable. Son nom signifie « le forgeron aryen, Wærgon (loup) », et son analogue Kaveh / Kawa est bien connu dans les traditions mythologiques perses et kurdes.

Le calendrier annuel ossète est rempli de rituels et de célébrations populaires, dont certains sont exécutés à la maison par la famille immédiate et d’autres dans des espaces extérieurs sacrés pour la communauté au sens large. Les rituels domestiques sont généralement centrés sur la chaîne du foyer (safa), par laquelle un chaudron est suspendu au plafond au-dessus d’un feu (rappelez-vous que le feu est l’un des éléments sacrés de la tradition indo-iranienne et qu’il est considéré comme une divinité dans l’hindouisme et le zoroastrisme). Les cérémonies communautaires, par contre, ont tendance à être dans des bosquets sacrés ou au sommets de collines, où il y a généralement un sanctuaire, généralement construit en bois mais parfois en pierre. Il y a au moins soixante de ces célébrations fixes organisées tout au long de l’année (pour une liste complète, voir Tuayev 2018: 260-63, suivi par de brèves descriptions aux pages 264-347).

Sanctuaire ossète d’Usanet

Les rituels ossètes consistent en premier lieu à organiser une fête (fyng ou kuvyn) en l’honneur d’une divinité particulière. La cérémonie est dirigée par un homme désigné pour diriger l’occasion, appelé Dzuary Læg ou « saint homme », car il n’y a pas de prêtres professionnels. Son rôle est d’invoquer la divinité à travers l’offrande d’un toast, appelé kuyvd (libation), qui signifie également « prière ». En d’autres termes, pour Ossètes, la forme essentielle de la prière est celle de porter un toast vers le ciel à la divinité. La bière est la boisson habituelle offerte, bien qu’elle puisse être remplacée par divers types d’alcools forts. Des toasts à diverses divinités continuent d’être faits tout au long de la fête qui s’ensuit, au cours de laquelle trois tartes au fromage de cérémonie (ualibakh) sont consommées avec de la viande d’un animal sacrifié pour l’occasion. Il est intéressant de noter que les anthropologues russes ont remarqué aussi tard que le début du XXe siècle que les sacrifices animaux et les prises augures rituels continuaient à être pratiqués sur des dalles de pierre adjacentes aux églises chrétiennes, selon des procédures présumées préchrétiennes extrêmement archaïques (Arzhantseva 2002 : 24-25).

Les cérémonies communautaires en Ossétie sont également généralement accompagnées d’une forme de danse connue sous le nom de simd, qui se déroule à l’extérieur dans un espace naturel spécialement aménagé à cet effet. Bien que cette danse puisse prendre diverses formes, elle est généralement exécutée en cercle. Une version particulièrement distinctive est formée par un anneau de danseurs debout sur les épaules d’un autre anneau de danseurs, constituant une sorte de troupe de danse à deux étages, ce qui est très impressionnant à voir.

La danse ossète traditionnelle, nommée simd

La religion ethnique ossète a officiellment été nommée Ætsæg Din par un groupe d’intellectuels nationalistes, qui ont formé un groupe de pilotage culturel appelé Styr Nykhas (« Grand Conseil ») au début des années 1990. «Ætsæg», qui signifie « véridique », et est le nom de l’un des clans fondateurs du peuple ossète dans la saga des Nartes, un texte désormais pris par certains Ossètes comme une référence pour les normes culturelles traditionnelles. L’érudit français Georges Dumézil, figure majeure de études indo-européennes, a reconnu dans la saga des Nartes des motifs indo-iraniens païens très primitifs, précieux pour le comparatisme indo-européen et donc pour la reconstruction des traditions indo-européennes archaïques. «Din» est la forme ossète d’un ancien nom iranien pour l’incarnation divine des qualités morales d’une personne, Daena, qui a maintenant le sens général de « religion ». Craignant que le terme « Ætsæg Din » n’ait des implications de vérité universelle qui pourraient offenser les chrétiens et les musulmans, le linguiste ossète Tamerlan Kambolov a inventé en 2010 la désignation alternative Uatsdin (« religion sacrée »), qui est désormais le terme le plus couramment utilisé pour désigner la religion.

Au début des années 1990, à environ 30 kilomètres à l’ouest de la capitale Vladikavkaz, un espace rituel a été consacré par le gouvernement d’Ossétie du Nord – à côté d’un bosquet sacré où le légendaire héros ossète Khetag aurait trouvé refuge contre ses ennemis. Depuis 1994, une cérémonie annuelle officielle, centrée autour d’un sacrifice animal, y est organisée. Les dirigeants politiques et communautaires profitent fréquemment de l’occasion pour faire des discours nationalistes (Shnirel’man 2002: 204-205). Manger de la viande est considéré comme un élément essentiel de la cérémonie, avec des toasts aux dieux et des danses. Le festival a lieu en juillet et rend hommage à la principale divinité ossète, Uastyrdhzi, qui, selon la légende, aurait sauvé Khetag de ses poursuivants. Il s’agit de la plus grande célébration publique annuelle de la République d’Ossétie du Nord-Alanie, attirant des milliers de participants chaque année. Le rassemblement annuel tenu en l’honneur d’Uastyrdzhi au Rekom (sanctuaire dans la vallée de Tsey, près de la frontière avec l’Ossétie du Sud), a également vu un certain degré de participation du gouvernement (Foltz 2020).

Ruslan Kuchiev, le directeur du Grand Conseil, préfère éviter le terme de religion, affirmant que ce que l’Uatsdin défend n’est rien de plus que d’anciennes valeurs et traditions rituelles ossètes, qui sont incarnés dans le code social connu sous le nom de iron æghdaw (« tradition ossète »,iron étant un dérivé de Ârya). En ce sens, il considère que la majorité des Ossètes peuvent être considérés comme des pratiquants, car beaucoup pratiquent et respectent ces rituels et valeurs, même en s’identifiant extérieurement comme chrétiens ou musulmans. Il estime que la jeunesse d’Ossète montre un intérêt grandissant pour les principes et les pratiques de l’iron æghdaw.

Précisément parce que les frontières entre la tradition ossète et les religions abrahamiques importées est souvent très fluide, le mouvement Uatsdin a suscité de vives condamnations et des plaintes officielles de la part des dirigeants chrétiens et musulmans d’Ossétie. Même l’archevêque orthodoxe russe de Moscou, Leonidas, a cherché à les faire taire en essayant de interdire les livres de Makeyev en tant que « littérature extrémiste », allant jusqu’à faire appel à ses contacts personnels datant de l’époque où il était membre des services secrets de l’État russe, le FSB. Les dirigeants de l’Église orthodoxe russe ont également essayé de faire construire une église orthodoxe site du sanctuaire de Rekom dans l’espoir d’y attirer les pélerins, mais cet effort n’a jusqu’à présent pas rencontré de succès. De telles attaques ne semblent pas avoir diminué l’attachement que les Ossètes ordinaires semblent ressentir pour leurs anciennes traditions fondées sur la nature. A première vue, le niveau de participation populaire aux « rituels folkloriques » dans toutes les régions d’Ossétie dépasse largement celui que l’on observe dans les églises et les mosquées. Cela semble suggérer que le néopaganisme ossète connaît peut-être un niveau de succès inégalé dans le monde aujourd’hui. Ce que cela laisse présager pour la société ossète et pour les mouvements néo-païens en général reste à voir.

Bibliographie :

Arzhantseva, I. 2002. ‘The Christianization of the North Caucasus’, in W. Seibt (ed.), Die Christianisierung des Kaukasus (Vienna: VOAW): 17-36.

Foltz, R. 2020. ‘The Rekom Shrine in North Ossetia-Alania and its Annual Ceremony’, Iran and the Caucasus, 24.1

Shnirel’man, V.A. 2002. ‘“Christians! Go Home!”: A Revival of Neo-Paganism between the Baltic Sea and Transcaucasia (An Overview)’, Journal of Contemporary Religion 17: 197–211. Doi: https://doi.org/10.1080/ 13537900220125181.

Tuayev, R.G. 2018. Obychai Osetin/Iron Æg’dæwttæ (Vladikavkaz: Respekt).

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Penser le COVID en païen : Mort, Liberté, Localisme

Le manque de réflexion globale, sur la gestion de la pandémie du « COVID-19 » et sur le « monde d’après », est tout à fait surprenant.. même et surtout dans les milieux dits « alternatifs ». La plupart des discussions se réduisent à des détails et/ou à des débats techniques d’épidémiologie. Mais notre planète n’est pas un hôpital, nos communautés ne sont pas des services de réanimation, et les meilleurs médecins ne sont pas (ou ne devraient pas…) être considérés automatiquement comme des chefs politiques ou comme de sages philosophes. Aucune connaissance anatomique, aucune courbe du nombre de décès, aucun test PCR, n’est capable de prouver ou de réfuter le sens de notre existence, ni les valeurs profondes qui guident nos choix, ni les règles morales sur lesquelles sont fondées nos communautés.

A ce qu’il paraît, il FAUT « sauver des vies ». Peu importe comment, peu importe pourquoi, peu importe à quel prix, peu importe dans combien de temps ces gens allaient mourir, peu importe quelle est leur qualité de vie, peu importe même qu’ils le veuillent ou pas. Il faut SAUVER DES VIES. L’abstraction de l’arithmétique pure, le « règne de la quantité » dirait René Guénon. Tout ce qui compte est ce qu’on peut compter, la valeur absolue est celle de la courbe des décès, et l’erreur de l’impensé philosophique est escamotée par la marge d’erreur statistique. Sauver des vies est plus important que la Vie elle-même ; et notre monde devient à toute vitesse un EHPAD géant, dont l’avis des pensionnaires compte moins que l’équilibre budgétaire, et l’espérance de vie compte plus que l’espoir d’une vie (ou d’une mort) digne de nom.

L’humain sans courage

S’imagine qu’il vivra toujours

S’il évite la bataille;

Mais la vieillesse point ne donne

Aux hommes la paix

Que les lances leur donnent.

(Havamal, 16. Traduction Chat Poron d’après Y. Kodratoff, R. Boyer et H.A. Bellows)

Sur ce niveau supérieur de la réflexion, trop souvent délaissé, le dossier réalisé par Clémence Chastan (diplômée en philosophie de l’Ecole Normale Supérieure), publié dans la revue d’écologie intégrale Limite, est incontournable pour formuler une réponse païenne à l’idéologie sanitariste – et à ses dogmes jamais débattus.

1/3, Faut-il ré-apprendre à accepter la Mort ? : « Au moins 8 maladies connues présentent actuellement un risque pandémique. De plus, avec l’altération des équilibres écosystémiques, l’émergence de pathogènes anciens bien plus dévastateurs que le coronavirus est possible. Va-t-on aller, dans les années à venir, vers une normalisation de la mort comme cela pouvait être le cas au Moyen-Âge, et une acceptation de celle-ci ? Ou allons-nous continuer à la craindre comme le Mal absolu et l’échec de la toute-puissance du Progrès ? Quel arbitrage ferons-nous, demain, entre sécurité et liberté, entre prévention face à un risque de mort jugé inacceptable et acceptation de la normalité de ce risque, dans un contexte où le risque pandémique sera intégré comme probable ? De plus, selon une enquête menée en Chine, la mortalité du coronavirus Covid-19 est fortement augmentée avec l’âge du patient et la présence d’une pathologie sous-jacente : de 0,2% chez les moins de 40 ans à 15% chez les plus de 80 ans. Au total, plus de 80% des personnes décédées du Covid-19 avaient plus de 60 ans. D’où cette question : combien de temps (encore) va-t-on arbitrer en faveur de la population âgée, celle qui a déjà bien vécu, au détriment des jeunes en bonne santé, ceux qui doivent encore écrire leur vie ? »

2/3, Le prix de la vie… : « Lorsque nous prenons notre voiture, nous mettons en danger potentiel nombre de piétons (environ 3 000 morts par an), mais aussi par exemple lorsque nous ne respectons pas chaque hiver des mesures de confinement strictes face à la grippe (environ 9 000 morts par an). Bref, nous jugeons beaucoup de choses plus importantes que sauver des vies. Qui, sinon nos seniors, restent les plus insensibles à toutes les innovations (montres connectées, caméras dites intelligentes, aliments diététiques médicalisés, etc) qui ont pourtant pour but de les sauver ? Aucune société, de fait, n’a jamais placé la santé au rang de valeur ultime « quoi qu’il en coûte » ; on se souviendra à ce titre de ces utopies sécuritaires où l’intelligence artificielle considère qu’elle doit prendre le contrôle global des humains, pour protéger ces derniers de leur tendance à se mettre en danger. On voit donc bien que le confinement n’a rien d’évident. La question de savoir jusqu’où nous sommes prêts à aller, et quels coûts (matériels et humains !) nous sommes prêts à payer pour enrayer la pandémie, est légitime… et poser cette question ne se réduit pas à la seule défense d’intérêts capitalistiques et financiers.« 

3/3, La démondialisation ou la mort ! : « Le pari que je fais, est que nous passerons de mesures de confinement individuel au sens de restrictions de la mobilité à l’échelle de l’individu (qui ne pourront constituer que des outils « ponctuels » de gestion de la crise, nécessaires sans doute, mais épisodiques), à des politiques structurelles de « confinement territorial », bref de re-territorialisation des flux et des activités, dont le corollaire est bien la restriction des mobilités (commerciales, touristiques et professionnelles) entre territoires. La seule solution pour éviter un effondrement de tout le système, c’est la démondialisation, et rapidement. Tout le monde en sortirait gagnant en termes de bonheur, de santé, de lutte contre le changement climatique, et la biodiversité se porterait beaucoup mieux. Peut-être que ce coronavirus peut permettre de réfléchir là-dessus. Selon une récente étude de l’institut Jean-Jaurès sur la sensibilité dans différents pays à l’effondrement, 65 % des Français sont d’accord avec l’assertion selon laquelle « la civilisation telle que nous la connaissons actuellement va s’effondrer dans les années à venir »; et selon un autre sondage Odoxa, plus de 50 % des sondés sont favorables à la décroissance, contre 45 % pour la croissance prétendue verte. Bref, la confiance dans le bien-fondé et la résilience de notre système s’effrite. Notre regard sur la mort, notre rapport à notre vulnérabilité, à la finitude en tout cas, devrait sans doute évoluer. Je crois que la « survie », non pas nécessairement au sens des survivalistes, mais plutôt au sens de la satisfaction des besoins primaires, va être remise au cœur de notre modèle sociétal : re-territorialisation des domaines d’activité dits « stratégiques » car vitaux (alimentation, santé, etc.), retour à la « terre » et aux activités agricoles dans un modèle extensif d’une partie conséquente de la population, réduction majeure des mobilités motorisées à l’exclusion des usages prioritaires, décroissance énergétique…« 

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Si on faisait le point sur Yggdrasill et les Neuf Mondes de la tradition scandinave ?

Entres autres à cause des comics américains, il règne une certaine confusion sur la nature et le nom des Neuf Mondes portés par Yggdrasill, l’arbre cosmique de la tradition scandinave. La manière dont ces neuf mondes sont reliés est aussi un grand sujet de débat, débat qui comme nous les verrons est loin d’être clôt. Le but ici est d’examiner précisément ce que nout dit la tradition scandinave, en donnant à chaque fois l’équivalent linguistique dans les autres branches de la tradition germano-scandinave (en particulier pour les Alamans, les Francs, et les Angles ; ainsi que dans les langues modernes : du vieux francique sont issus à la fois le néerlandais et les mots français d’origine germanique, comme par exemple Louis vient de Hlodwig, ou maréchal de marhskalk)

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L’ornithologie comme voie spirituelle

Soleil dans la brume bellovaque. Celle-ci se dissipe sur le chemin du bois, à mi-pente de la colline funéraire où l’on prie la Dame du Tilleul depuis plus longtemps qu’on y lit des livres. Battements de cœur et le sentier s’ouvre enfin parmi les hêtres, au milieu du tapis violacé où la jacinthe était annoncée par la pervenche. Je les salue comme un vieil ami – elles connaissent ce que je suis depuis plus de mille ans. Le maître est là, presque humain, avec un reflet sur le visage que celui qui sait voir seul verra, sans savoir quoi. Les autres sont là aussi, il leur rappelle que le silence des hommes a ici son royaume comme en tout ce qui est sacré : l’amour, le rêve, et la mort. Des murmures s’accrochent encore à nos pas tandis que nous avançons pour fuir la grand’route (loués soient les chemins de traverse qui nous sauvent du contre-sens).

Première station. Le mauvais œil du maître leur cloue le bec comme un cercueil. Chante, muse, ce qui est : chante-le comme miroir de ce qui fut et de ce qui sera. Chante ce qui est permanent, chante ce qui est éphémère ; chante, dans ce qui est permanent, ce qui change à chaque instant pour permettre cette permanence ; chante, dans ce qui est éphémère, ce qui toujours perdure pour permettre ce changement. Chante l’instant qui passe et l’éternel retour des formes.

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Chante, car de tout ce que disent les hommes, ce qui a le plus de valeur a d’abord été entendu. Mais pour qu’ils entendent, il faut déjà qu’ils écoutent ! Notre époque de raisonneurs aime surtout parler, plus que toute autre chose… Parfois elle pense, souvent c’est pire. Mais écouter ? Qui écoute encore de nos jours ? Qui sait écouter pour comprendre avec les oreilles ? On écoute les bons élèves d’autres élèves. La source, elle, semble être passée de mode. Le vrai rythme pourtant est celui des astres et du souffle, l’harmonie profonde est celle qui unit les contraires : elle les lie par la grande loi où l’aveugle sent le hasard, le borgne, le dieu, et le voyant, le cosmos. Nul mot ne se pose dessus ; sous ce poème, les feuilles sont encore vertes, et l’arbre vit.

Parfois le doigt du maître guide l’oeil vers sa proie, le plus souvent c’est le regard lui-même qui mène le regard. Cette autorité instinctive, loin des idoles rouillées qui demandent qu’on les couvre d’argent, cache sous l’écorce une âme d’or. Seulement de temps à autres un nom franchit la barrière de ses lèvres. Et le son devient chose.

Le chant, lui, n’est pas transcriptible. Seul un patient travail permet de le graver en soi ; aucun calepin ne s’interpose pour protéger de ce poinçonnage. Le savoir offert gracieusement à celui qui veut s’immerger dans les bois, cette « donnée » à portée de celui qui voudra se prendre au jeu, perce notre crâne et orne de ses entrelacs le revers du cuir chevelu. Comme un tatouage initiatique, l’information est surtout transformation. Puis la marche continue, de station en station, des bois aux champs en passant par les restes du vieux bocage, d’une époque où le mot « limite » avait un sens. S’y succèdent, comme en transe, ceux qu’on voit et entend, ceux qu’on voit passer sans les entendre, ceux qu’on entend chanter sans jamais les apercevoir, et ceux qu’on entend ni ne voit mais qui pourtant sont bien là. Surtout eux, d’ailleurs : les Esprits du sol, Ancêtres de pierre dont les os sont la craie blanche et le sombre silex de ce pays, eux qui vivent dans ce terroir et voient leurs vivants congénères y porter la mort, ayant relégué la vie à l’arrière-plan.

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D’autres que moi ont déjà décrété le recours aux forêts, car l’avenir naîtra de ceux qui trouveront pour sanctuaire la source de la plus longue mémoire, celle qui ne se tarit pas. Je rappellerai seulement que pour être invulnérable, il faudra aussi désoublier la langue des oiseaux. Reforgeons l’épée spirituelle, terrassons le dragon vautré sur son trésor. Alors nous comprendrons que ce que proclament sans cesse nos cousins à plumes, sous mille formes qui toujours reviennent, tient en deux mots : l’amour, et le je-suis-ici.

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La nature, cette force qui terrorise l’Homme

La transition écologique, ce n’est pas un monde d’éoliennes au garde à vous plantées dans le gazon bien ras ou le champ d’OGM bien carré. C’est dépasser enfin la peur que nous inspire le foisonnement de la vie. Alors, et alors seulement, nous pourrons envisager une société d’écologie intégrale.

Source : La nature, cette force qui terrorise l’Homme

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Comment être lu par une centaine de personnes sans créer de blog

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D’après une oeuvre de Mario Marchal (vision contemporainede la trifonctionnalité)

La réponse est simple : Un Tiers Chemin – ARS TRADITIONIS vous ouvre ses colonnes ! N’hésitez pas à nous contacter par ce formulaire pour rejoindre notre joyeuse équipe ou proposer un article. Toute personne respectanr la charte qui suit est la bienvenue.

1. Présentation
Un Tiers Chemin – ARS TRADITIONIS est un journal électronique collectif fondé en 2014, consacré à l’information et à la discussion concernant les arts, rites, et savoirs traditionnels. Par traditionnels, nous entendons enracinés dans une manière d’être au monde qui est héritée, partagée et transmise au sein d’une communauté délimitée. Cette délimitation, loin d’être une forme d’exclusion et encore moins de supériorité, est au contraire pour nous une garantie de respect de l’autre, puisque cela permet d’en reconnaître la valeur sans chercher à l’englober ou le soumettre à nos critères. Face à l’idéologie du Même, nous prônons l’harmonie des contraires.
Nos valeurs sont basées sur la déclaration de Vilnius du Congrès Européen des Religions Indigènes : « A une époque où le monde est en équilibre précaire au bord de bouleversements écologiques et économiques, pour beaucoup à cause d’un individualisme sans limite et d’une avidité effrénée, nos traditions promeuvent des modèles spirituels et sociaux très différents : la vie en harmonie, équilibre et modération avec la Terre ; l’importance de la famille et de la coopération collective ; le respect et les hommages rendus à toute forme de vie. Nous poussons tous les peuples et toutes les nations à placer le bien-être de la Terre – qui est, littéralement, notre Vivante Mère – au-dessus de toutes les autres priorités. Nous envoyons ce message en toute fraternité, amour, et respect ». En bref, d’autres mondes sont possibles : ils existent encore, et ont besoin de nous pour cela.
Pour l’équilibre de notre planète, nous estimons qu’il est souhaitable, pour tous les déracinés, de renouer avec leur héritage indigène (patrimoine culturel, identité ethnique, et ressources naturelles), de le partager au sein de leurs communautés, et de le transmettre par des institutions propres. Les Européens, dont le déracinement a engendré de nombreux maux à l’échelle mondiale et les a conduit à déraciner d’autres groupes humains, constituent à nos yeux une communauté traditionnelle à part entière, de mêmes que les diverses communautés européennes. L’enracinement, c’est maintenant !
2. Fonctionnement
L’équipe de rédaction est ouverte à toute personne francophone qui partage ces valeurs et est : soit enracinée dans une communauté traditionnelle, et qui souhaite diffuser des informations concernant son héritage ; soit en relation avec une communauté traditionnelle qui souhaite diffuser des informations concernant son héritage, et lui donne un mandat dans ce but. Cette équipe de rédaction est composée de toutes les personnes ayant publié un article il y a un an et un jour maximum. Celle-ci peut, à la majorité, inclure ou non une personne en faisant la demande et remplissant un des deux critères, ou exclure un membre de l’équipe de rédaction. En cas d’égalité lors du vote, la décision sera du ressort du plus ancien membre de l’équipe de rédaction.
Il sera évidemment possible à l’équipe de rédaction d’adapter ce fonctionnement au fil de l’évolution du journal et de son développement… car, nous en sommes convaincus, nos traditions ont de l’avenir.

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Peinture rupestre de la Cueva del Castillo (datée d’environ 40.000 ans)

 

3. Moyens techniques
L’équipe de rédaction dispose du site internet http://www.1tierschemin.wordpress.com et de la page Facebook « Un Tiers Chemin – Arts, Rites et Savoirs Traditionnels ». Elle pourra faire usage d’autres médias adaptés, tels qu’une chaîne Youtube, un compte Twitter, des publications au format papier ou numérique, un autre site internet, une structure associative selon les lois d’un État francophone.

 

4. Lexique
Arts : Ensemble de pratiques, moyens et méthodes ayant pour but d’inspirer des idées, impressions et sentiments intenses ou complexes
Rites : Méthodes en usage dans une communauté concernant la manière de témoigner du respect envers une réalité supérieure
Savoirs : Manière de se représenter de manière ordonnée les choses et leur fonctionnement, et les compétences qui en découlent
Enracinement dans une communauté traditionnelle : Rattachement durable et profond à un ensemble délimité de personnes (partageant l’héritage d’une manière d’être au monde qu’elles transmettent) perçu comme distinct de la somme des vivants qui le composent à un instant donné, et n’ayant pas vocation à englober toute l’Humanité

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