Archives mensuelles : juillet 2015

La spiritualité germanique selon B. Linzie : un résumé

Un post de Hund-heidinn sur le forum de l’association Les Enfants d’Yggdrasill.

Votre serviteur a depuis pas loin d’un an, dans un coin de son crâne, le projet d’en faire une traduction exhaustive, tant l’essai lui semble pertinent et important pour toute personne engagée dans une démarche spirituelle germanique (voire celtique, également, tant les convergences sont nombreuses). En attendant, ce court résumé fait plutôt bien l’affaire.

Un résumé des 55 pages de ‘Germanic Spirituality’ par Bil Linzie

Bil Linzie (‘il’ dans la suite) désire nous montrer l’importance de facteurs méconnus dans le processus d’adoption d’une religion, en particulier pour les reconstructionnistes Ásatrú (en passant : il utilise une forme correcte ‘ásatrúarmenn’ pour les désigner). Pour ceci, il introduit et différencie deux types de connaissances.
Il appelle « body of knowledge (corps de connaissances) » religieuse toute la connaissance descriptive qui permet de caractériser la pratique d’une religion. Typiquement, les trois ‘haill’ pendant un blót font partie d’une connaissance descriptive.
Il oppose à ces connaissances descriptives celles sur les actions à accomplir qu’il appelle « world view (vision du monde) ». Classiquement, les dictionnaires définissent en effet une ‘vision du monde’ comme une collection de croyances qui décrivent comment il est possible d’observer et d’interpréter le monde qui nous entoure (‘univers’). Il utilise une définition un peu plus précise que celle des dictionnaires : ce sont les façons d’agir qui nous sont dictées par notre environnement social. Ainsi, l’univers dont il parle est celui de la société germanique ancienne et les actions sont celles qui assurent la cohérence de cette société telle que nous la connaissons par toutes les sources ethnologiques, poétiques, littéraires (les sagas), mythiques et ethnologiques (comportements et légendes anciens).
Il développe alors, de la page 9 à la 41, une argumentation complexe pour arriver à une nouvelle définition de la spiritualité, qui est en fait inspirée son idée de vision de monde spirituel germanique. La voici : « spiritualité : elle devrait être considérée comme l’ensemble des actions qui accordent (il dit : « align ») au mieux l’individu avec ses dieux, sa communauté et sa famille, accroissant ainsi sa valeur (weorþ) [Anglo-saxon pour ‘valeur’] et sa chance ».

Cette argumentation complexe consiste en une analyse de la façon dont les religions New Age se construites en accolant des pièces de religions anciennes sans respecter la civilisation ancienne qui les a engendrées. Prenons l’exemple de la notion disputée de classe. Dans notre société, la notion de classe existe mais « elle est reliée au revenu financier de l’individu ». Dans les religions New Age, on rejette la notion de classe, sans doute parce qu’elles « confondent le concept de classe sociale avec la discrimination par la race ou le genre ». Dans la religion germanique ancienne, elle existe sous une forme très différente de celle de notre société. Ce ‘classement’ se fait en utilisant trois critères principaux.

Le premier critère est celui des « nobles vertus » comme, par exemple, celles construites par McNallen. Bien entendu, il faut qu’elles soient reliées de façon étroite à notre tradition. Il propose une autre suite des neuf qualités, une première version de 1970 qui est plus proche du Hávamál et du Sigdrífumál [Je vais la traduire et l’introduire dans le fil de discussion Les neuf vertus odinistes ].
Le deuxième critère est celui de la division entre ceux qui sont ‘à l’intérieur’ et ceux de l’extérieur’. La cellule élémentaire insécable est constituée par la famille (et non pas par l’individu). Elle constitue le premier des ‘intérieurs’. Cette famille se réunit au sein de communautés. [Je rajoute ici mon grain de sel. Plus encore que sa description de la communauté, le Hávamál définit très bien ce que sont les ‘amis’ avec qui on est lié par contrat (l’intérieur de la communauté) et les non-amis (l’extérieur de la communauté).]
Le troisième critère est celui des relations avec les dieux. La forme moderne consiste à s’adresser directement aux dieux, sans prendre en compte l’existence de la communauté qui a ses propres règles. La forme germanique ancienne consiste à s’adresser d’abord à ses ancêtres et aux entités intermédiaires comme les landvættir, la Fylgja familiale, autres ‘esprits’ familiers. S’adresser aux dieux demande une forme d’esprit particulière que tout le monde ne possède pas.

Il conclut en donnant 9 règles qui devraient être respectées pour la reconstruction de l’ásatrú. Elles condensent l’argumentation dont je viens de donner un exemple résumé.

1. Accepter que l’Ásatrú en tant que vision du monde est probablement complète (même si pas encore totalement bien interprétée) et se tient à elle seule.
2. Accepter que l’Ásatrú en tant que religion est l’expression de la culture sous-jacente.
3. La spiritualité Ásatrú est fondée sur une interaction avec le monde réel d’une façon qui conforte le bien-être de la famille et de la communauté.
4. « La récompense finale » [après la mort] est directement liée aux souvenirs qu’on laisse derrière soi après sa mort.
5. La famille est la plus petite unité définie dans l’Ásatrú. L’individualisme robuste est un concept à la fois étranger et moderne.
6. La communauté géographique est la dernière ligne de défense pour la famille et, même si elle est ‘mélangée’ [composée de population culturellement hétérogènes], elle toujours être traitée avec respect.
7. La terre sur laquelle repose la communauté géographique est sacrée.
8. La communauté est naturellement divisée en trois classes et chacune des classes doit honorer (‘worship’ ) de façon appropriée – la prière individuelle adressée directement aux dieux est un emprunt à la chrétienté fait il y a mille ans.
9. Il faut développer de nouvelles ‘acquisitions’ [quant à la religion]
– qui ont une signification locale
– qui ne sont pas empruntées [à une autre vision du monde]
– qui sont cohérentes avec la vision germanique du monde.

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