SOLUTIONS TRADITIONNELLES VS PATRIARCAT TECHNICIEN

En s’appropriant les semences, les grandes firmes OGM mènent une réelle révolution chimique qui nie le droit des agriculteurs, en majorité des agricultrices, à cultiver leurs propres semences, alors même que celles-ci sont plus nutritives et plus résilientes.

La question des semences, déplore Vandana Shiva, n’a été traitée durant cette COP qu’à travers le vocabulaire de l’innovation technique et de l’ingénierie, niant explicitement le savoir traditionnel des autochtones, en semblant croire que les semences n’avaient jamais existé avant la civilisation occidentale. Une logique patriarcale, qui mise tout sur la technique et la concurrence, postule que la nature et les femmes ne sont pas productives par elles-mêmes. Ce faisant, les femmes comme la nature se révèlent victimes du même état d’esprit occidental, technicien, capitaliste, masculiniste. Vandana Shiva parle de catégories patriarcales « fossilisées » (comme l’énergie fossile, précise-t-elle), parmi lesquelles elle compte les mots « innovation », « performance », « rentabilité ». Et d’en appeler à un renversement de la privatisation du vivant, qui doit être remis entre les mains des femmes. Fatou Ndoye dresse elle aussi un diagnostic sans appel de la situation des femmes africaines, victimes de la dégration de l’environnement et des ressources, ainsi que de l’émigration masculine. Elle insiste sur toutes les initiatives portées par des femmes au Sénégal : reboisement de la mangrove, activités d’ensemencement, valorisation des connaissances locales.

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Voilà l’un des mantras de ce colloque : revaloriser les savoirs-faire traditionnels, locaux, portés par des femmes souvent non-diplômées, mais fortes de leur expérience. En bas, les écrans plats continuent pourtant à vendre leurs techniques innovantes, porteuses de croissance et de progrès. Fatou Ndoye, Hindou Oumarou et Vandana Shiva, elles, nous disent que les solutions simples existent déjà, que les femmes les connaissent, qu’il n’y a pas besoin pour cela d’investir des millions dans la recherche, mais seulement de faire confiance aux populations locales. « Les solutions sont là, insiste Vandana Shiva, mais un pouvoir irresponsable et aveugle refuse de les prendre au sérieux ».

Source : Greenwashing vs. Ecoféminisme : ce que j’ai vu à la COP 21

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