Gérer une maison hantée selon Athénodore de Tarse

Athénodore de Tarse (aussi nommé Athénodore le Cananite) était un philosophe grec païen de l’école stoïcienne qui a vécu au Ier siècle de l’ère chrétienne. Il est entres autres connu pour avoir enseigné la philosophie à Octavien (fils adoptif de Jules César, qui devint le premier empereur romain). Il lui avait appris à réciter l’alphabet en entier avant toute réaction de colère, pour se laisser le temps de voir si c’était vraiment une bonne idée de s’énerver ou s’il valait mieux garder son calme. On raconte aussi que, Octavien ayant l’habitude de faire venir secrètement de jeunes femmes dans ses appartements, Athénodore se fit passer pour l’une d’elles et lui expliqua que n’importe qui de mal intentionné pouvait en profiter pour s’introduire chez lui.

Alors qu’Athénodore rassemblait peu à peu des économies pour envisager d’acheter une maison, il en trouva une à vendre qui était très en-dessous des prix habituels et qui était donc dans ses moyens. La raison était simple : elle était hantée, c’est pourquoi le propriétaire voulait s’en débarrasser… mais personne n’en voulait ! Athénodore l’acheta sans hésiter et y emménagea. Y avant amené ses quelques affaires dans la journée (il ne possédait pas grand-chose), il passa la soirée à réfléchir et à écrire, faisant son oeuvre de philosophe. C’est alors que le fantôme apparut, agitant lourdement des chaînes et poussant de grands cris en s’approchant de lui (en tout cas, c’est ce que nous dit Pline le Jeune dans ses Lettres, XXVII, « de Pline à Sura »).

Que fit Athénodore ? Sans lever le nez de son travail, il dit simplement au fantôme qu’il l’avait entendu, mais qu’il était présentement occupé à son devoir de philosophe. Cependant, dès qu’il aurait fini, il lui accorderait bien entendu toute son attention à ce fantôme qui semblait en grande détresse. Et le fantôme… attendit.

Une fois l’heure de travail terminée, Athénodore se leva et s’approcha du fantôme, qui tourna les talons et se dirigea vers la sortie de la maison. L’apparition finit par s’arrêter dehors à un endroit donné, ne bougea plus, et finit par disparaître. Notre philosophe lui souhaita bonne nuit, marqua l’endroit avec un bâton, et alla se mettre tranquillement au lit.

Le lendemain matin, Athénodore retourna à l’endroit marqué par le bâton, et, ne voyant rien de spécial, emprunta une pelle à un ami et creusa. Il trouva à cet endroit un squelette enchaîné, qui avait été caché là. Puisant dans ses économies (il lui restait un peu d’argent, grâce au bas prix de la maison hantée), il fit organiser une cérémonie funéraire simple et sobre mais correcte, lors de laquelle les rites traditionnels furent accomplis et permirent au malheureux de gagner l’autre monde. Plus aucun phénomène étrange ne se produisit dans cette maison.

On raconte aussi que, pour sa grande sagesse, ayant participé au renversement d’un gouvernement corrompu, Athénodore de Tarse fut honoré dans sa ville natale par ses concitoyens reconnaissants, lors d’un rite annuel qui dura jusqu’à l’interdiction du paganisme dans l’empire romain.

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