Certains moments de la journée (aube, midi, crépuscule, minuit) sont particulièrement sacrés. De la même manière, certaines journées sont plus sacrées que d’autres. Dans notre tradition, elles correspondent aux jours de fête, répartis le long de l’année et célébrant l’été qui revient après l’hiver, d’autre part aux rites de passage, qui marquent les grands moments de notre vie et qui célèbrent le fait que les générations se succèdent, chacun devenant tour à tour héritier puis Ancêtre.
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Schieweschlawe : rite carnavalesque
Il s’agit d’une coutume alémanique très ancienne, qui se déroule le dimanche suivant le carnaval de Mardi Gras.
- Une arabesque lumineuse
La fête du lancement des disques est restée extrêmement vivante à Offwiller à travers les siècles. Plusieurs semaines avant le carnaval, les préparatifs commencent. Jeunes gens, associations, villageois et conseillers municipaux ramassent du bois mort dans la forêt communale et le déposent dans une clairière qui domine le village (le «Schiewebarri»). Là, sept grandes pierres plates sont dressées de manière à former autant de tremplins dirigés vers la vallée.
Le jour venu, un grand feu est allumé dès l’après-midi. Au village, une atmosphère étrange, feutrée par la neige qui persiste encore en ce mois de février, indique que derrière les petits carreaux des fenêtres se réjouissent des personnes qui se livrent aux ultimes préparatifs de la fête.
A la tombée de la nuit, le ciel rougeoyant annonce le début des festivités. Les habitants sortent un à un des maisons. Tous se rendent à travers la forêt au Schiewebarri, en empruntant la rue de l’Eglise ou le sentier du « Monnesepel ». Les lanceurs portent en bandoulière des chapelets de disques. A la main, ils tiennent des bâtons flexibles de noisetier ou de châtaignier de 1,50 m de long environ.
Les disques en bois de hêtre d’un diamètre de 10 à 12 cm et percés au centre d’un trou de 1 cm, ont été achetés chez le menuisier du village. Mais il y a quelques années encore, chaque famille taillait ses propres disques dans des rondelles de bois de hêtres dont on amincissait les bords à coups de hachette. Le trou du centre était percé soit à la tarière, soit au fer rouge.
Les disques, fixés solidement sur les bâtons, sont ensuite placés dans l’énorme bûcher. Le bord aminci s’enflamme. Le lanceur brandit ensuite le disque rougeoyant en le faisant tournoyer au-dessus de sa tête. Il s’approche d’une de ces tables de pierre. Après plusieurs moulinets, le disque est frappé avec dextérité contre la pierre : il rebondit en lançant des étincelles et le voilà parti dans l’air comme une étoile filante qui décrit une gracieuse courbe lumineuse vers la vallée. De nos jours, tous les villageois, sans distinction d’âge, participent à la fête. Quant aux visiteurs, ils ne se contentent pas de stimuler les autochtones mais cherchent eux aussi à éprouver leur talent. Car, bien entendu, il s’agit de lancer son disque avec adresse haut et loin et de lui faire suivre une trajectoire harmonieuse.
Les femmes restent pour la plupart spectatrices, mais n’en encouragent pas moins leurs compagnons par de joyeuses acclamations. Il y a les virtuoses qui envoient leurs disques avec une aisance nonchalante et recueillent des cris et des sifflements d’admiration. ais il y a aussi les maladroits qui expédient leur disque dans le mauvais sens, au beau milieu de la foule, et dont la malencontreuse performance est saluée par des huées et des rires.
- Le Carnaval des paysans
Quel que soit le lieu où le lancement des disques était pratiqué, la date des festivités était toujours la même. Il s’agit du premier dimanche de Carême, appelé Carnaval des paysans ou Vieux carnaval. Il semble que ce fait soit en relation avec l’introduction du carême de quarante jours au Vème siècle. A partir du milieu du IVème siècle, on ne jeûnait plus les dimanches. Pour compléter le nombre de jours de jeûne, on avança alors le carême au mercredi des cendres. Les fêtes de printemps ou de Carnaval cessèrent donc à partir du dimanche Estomihi qui obtint le nom de « Herrenfâssenacht ». Mais la population tint ferme au dimanche Invocavit, sans doute parce que l’origine en était une fête païenne plus ancienne.
- Une célébration de l’équinoxe du printemps
Cette tradition qui se pratiquait autrefois dans tous les villages situés sur la ligne des collines pré-vosgiennes, dans le Kochersberg et en Forêt Noire, s’était fixée précisément là où une éminence naturelle permettait à l’arabesque rougeoyante de rendre son plus bel effet.
Le document le plus ancien concernant le lancement de disque date du 4 mars 1090 et relate qu’un couvent a été incendié à Lorsch (Allemagne) par un disque enflammé lancé lors d’une fête d’équinoxe de printemps. Mais ses origines sont plus anciennes encore puisqu’un capitulaire de Charlemagne de 742 interdisait déjà de tels feux en raison des dangers qu’ils présentaient pour les habitations.
Certains admettent que la fête du lancement de disques enflammés correspond à une invention autonome remontant au Moyen-Age. D’autres voient dans cette coutume un reste de culte solaire de la Gaule antique où le Dieu soleil Vichnon était profondément vénéré. D’autres enfin pensent qu’il pourrait s’agir de survivances d’anciens rites. Nos ancêtres, dans leur vision du monde, voyaient deux forces qui s’affrontaient : le monde favorable de l’été et le monde hostile de l’hiver. Pour eux, c’était un éternel combat entre lumière et ténèbres, entre la vie et la mort. Les rites qu’ils pratiquaient tel le Schiewesclawe devaient favoriser les forces magiques ainsi que le réveil de la nature. Bien plus, les disques enflammés projetés dans la nuit devaient également chasser le froid de l’hiver et les mauvais esprits. Chaque lanceur formulait des vœux de prospérité pour la saison à venir.
En réussissant à lancer son disque haut et loin, on pensait s’attirer les faveurs des Dieux. La fête du lancement de disques enflammés célèbre l’équinoxe de printemps. A partir de cette date les journées commencent à être plus longues que les nuits. Dans la préhistoire, les Européens appelaient déjà la renaissance du soleil par toutes sortes de manifestations visuelles. Les villageois perpétuent ainsi une pratique issue de la nuit des temps. Comme leurs ancêtres, ils lancent vers la coupole céleste des centaines de petits soleils qui sont autant de lueurs d’espoirs, autant de prières pour un retour rapide du printemps.
- Authenticité
L’originalité du lancement de disques enflammés aurait pu pousser la municipalité à donner une envergure commerciale à la fête. Mais sur ce point, les villageois sont unanimes : le Schieweschlawe doit rester authentique ! Aussi, les festivités ne sont entourées d’aucune publicité, d’aucun commerce, d’aucune attraction particulière. Le lancement des disques est pratiquée à la manière d’antan. Ainsi, c’est toujours dans le noir le plus total que les lanceurs montent à la clairière. Sur place, aucune boisson n’est vendue malgré la forte chaleur dégagée par le bûcher. C’est qu’autrefois, les familles venaient sur les lieux munies de torches et d’eau fraîche.
En réalité, seule l’Amicale des Sapeurs-Pompiers organise tous les ans sur autorisation de la municipalité une buvette et un buffet dans la rue de l’Eglise, au départ du chemin de terre menant à la clairière. Il est possible d’y acquérir bâton et disques. Les sapeurs proposent également aux hôtes du vin chaud et des beignets artisanaux.
Enfin, dès l’après-midi, des démonstrations de fabrication de disques sont faites au Musée d’Arts et Traditions populaires du village. Les spectateurs pourront également se familiariser avec le Schieweschlawe avant de s’y adonner personnellement.
Bien évidemment, la municipalité procède à la sécurisation de la clairière afin que soient évités les risques d’incendie et d’accident.Le Schieweschlawe connaît tous les ans un vif succès. Les spectateurs viennent de toute la région pour y assister. Nombreuses sont les chaînes de télévisions et les radios qui viennent couvrir les festivités qui, parce qu’elles ont su rester authentiques à Offwiller, méritent d’être signalées.
- Recommandations
Il est conseillé aux visiteurs de s’équiper de bonnes chaussures, de vieux vêtements (retombées de braises, fumées) et d’une lampe de poche pour accéder à la clairière.
A quoi peut encore servir la politique ?

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J’aime l’exemple des empereurs romains du Bas-Empire. Contrairement aux idées reçues, ils ne furent point des décadents. Au contraire, la valeur d’un Marc-Aurèle, d’un Julien, d’un Septime Sévère, Claude II, Probus, Aurélien, Valentinien, Théodose, Dioclétien ou d’un Constantin, est d’un rare mérite. Ce sont des hommes d’Etat et des soldats hors pairs, peut-être supérieurs à des Auguste ou des Césars. Pourtant, ils combattaient et régentaient dans le vent. Par leur puissance et leur énergie, ils parvinrent qu’à ralentir la mort d’un corps politique qui pourtant l’était déjà, l’Empire.
De Gaulle, le dernier des grands Français, avait tout compris. Dans « les Chênes qu’on abat… », dialogues avec Malraux, il reconnaît qu’il aura écrit la dernière page de l’Histoire de France, et il sait que ce qui n’est qu’une morphologie politique parmi tant d’autres, la France, était vouée à se transformer considérablement, comme l’Empire Romain du Ve siècle commença lui-même à se transformer pour voir apparaître de nouvelles formes politiques, et, en quelque sorte, une nouvelle Histoire.
Désormais, à quoi sert donc la politique, si elle n’est plus qu’un théâtre d’ombres jouant au pouvoir et rêvant à des restaurations impossibles ? Plus grand’chose, assurément. Toutefois, la politique a encore un rôle à jouer.
Si elle ne cherche qu’à retarder, qu’à restaurer, alors elle échouera, et le temps qu’elle fera perdre aux hommes sera catastrophique. Mais elle peut envisager un autre objet : permettre l’accouchement du monde en germes en protégeant dans le chérubin ce qu’il y a de plus utile. Pour y parvenir, sa dignité sera de se retirer au maximum.
Les Européens, et parmi eux les Français, crèvent de déresponsabilisation. Quand leur corps politique était encore vivant et vivace, ils jetaient leurs yeux au Ciel et voyaient l’Etat, qui les embrassait dans une puissance commune ; il les protégeait, et les projetait. Aujourd’hui, quand leur corps politique n’est plus qu’une fiction, et qu’ils n’ont plus par conséquent qu’une fiction d’Etat, ils persistent à jeter leur yeux au Ciel mais ne voient plus rien. Le Salut par la politique n’est plus ; mais, misérables qu’ils sont, il attendent, à cause d’une trop longue habitude, les genoux à terre et les mains suppliantes. D’où les angoisses actuelles, la turbidité, la nervosité qu’aucune force ne semble pouvoir épancher.
http://www.rochedy.fr/2015/12/a-quoi-peut-servir-la-politique-dans-le-monde-nouveau.html
Comment fêter les Douze Nuits de Yule ?
Vous pouvez trouver à cette adresse la version 2015 du guide « Les Douze Nuits de Yule, fêter le solstice d’hiver dans la tradition germano-scandinave », réalisé par le Clan Ostara : Les Douze Nuits de Yule
L’année est sans doute le meilleur moyen de saisir la nature cyclique de notre existence. On est souvent trop habitué à la succession des aubes et des crépuscules, et trop occupé au quotidien, pour les célébrer dignement. La lune a été bannie de notre vision du monde ; et les évènements de la vie, de la naissance au décès, sont trop espacés pour faire transparaître nettement la courbure du temps qui les relie.
Le calendrier annuel, lui, montre clairement le flux et le reflux des jours et des nuits. Il comporte un point d’inflexion fondamental : la période du solstice d’hiver, où les jours sont les plus courts mais pourtant marquent le début du racourcissement des longues nuits glacées. Des constructions mégalithiques telles que le cairn de Gavrinis ou le tumulus de Newgrange sont orientées au lever du soleil à cette date, indiquant qu’elle est considérée comme sacrée en Europe depuis au moins 5500 ans. Aucune trace de sa célébration par des druides ne nous est parvenue, mais les traditions baltiques (Kučios et Kaledos), slaves (Korochun ou Koliada), romaines (Saturnales, puis le Dies Natalis Solis Invicti) et scandinaves (Jul) montrent qu’ils s’agissait d’une période particulière dans le calendrier européen.
Le Christmas Pudding – Recette & Traditions
Une contribution d’Aranna, dont le blog regorge de réflexions tout à fait intéressantes sur le polythéisme européen contemporain : http://lacailleach.wordpress.com. Vous pouvez aussi jeter un oeil à son échoppe d’artisanat religieux. Un grand merci à elle, et le Chat Poron vous rappelle qu’Un Tiers Chemin est ouvert à toute contribution sur les arts, rites et savoirs traditionnels !
Petite plaisanterie pour commencer : Vous savez comment on fait manger de la cuisine anglaise à un français ? En lui racontant que c’est une recette médiévale… (En plus d’avoir usé de ce subterfuge des années durant – personne ne s’en est jamais plaint – en témoignent les livres de cuisine type « cuisine de G… Of…T… » que j’ai pu voir. C’est sans doute très amusant, mais je ne comprends pas trop ce besoin d’aller chercher midi à quatorze heure et de dépenser de l’argent dans un ouvrage en grande partie marketing alors qu’on trouve largement de quoi faire en cherchant dans les différentes traditions culinaires. Question de point de vue.)
Le Christmas pudding est une tradition anglaise qui, bien qu’en perte de vitesse depuis quelques années, est toujours très répandue. Quand j’étais petite fille, c’était toujours un grand moment, et probablement la seule pâtisserie que je la voyais faire puisque pour une raison mystérieuse, elle loupait systématiquement toutes les autres…
Début novembre, ma mère passait chez le boucher récupérer des morceaux bruts de gras de bœuf qu’elle faisait fondre dans une casserole, avant de le filtrer et de le mettre dans un bocal, en prévision du dimanche tant attendu où la préparation du Christmas Pudding allait vraiment commencer. Elle essayait généralement de le faire à un moment où nous n’étions pas dans les parages, craignant que si nous assistions à cette opération – qui n’est sans doute pas la partie la plus ragoûtante, il faut le dire – nous refusions d’en manger. (Je l’ai surprise une fois, et ça ne m’a jamais dissuadé.)
Certains font remonter l’origine de cette recette au XIVe siècle, mais elle date plus vraisemblablement du début du XVIIe avant d’être bannie par les Puritains (basiquement, tout ce qui était relatif à Noel a été plus ou moins banni, les Puritains trouvaient que tout cela sonnait beaucoup trop païen pour être honnête). Un mythe populaire veut que ce soit le roi George I qui réintroduisit le Christmas Pudding, demandant qu’il soit servi à sa table, lors de son premier Noël en tant que roi d’Angleterre, en 1714.
On le fait généralement le dernier (ou avant-dernier) dimanche avant le début de l’Avent, soit à la fin du mois de Novembre, puisqu’il doit en principe reposer au moins un mois. Ce dimanche est nommé, de manière informelle, le Stir Up Sunday. C’est un moment de réjouissance et il est préférable que toute la maisonnée soit réunie, puisque la tradition veut que chaque membre de la maison participe en remuant le mélange trois fois (dans le sens des aiguilles d’une montre ou pour les puristes, d’est en ouest, pour commémorer l’expédition des Rois Mages) avec une cuillère en bois. Pendant que l’on touille avec plus ou moins de difficultés (la pâte est vraiment dense, les plus petits auront sans doute besoin d’être guidés. Je garde le souvenir de la première fois que j’ai participé, et je me souviens avoir vraiment peiné à l’époque), on fait un vœu (et on le garde secret). Certaines sources disent qu’il faut faire douze tours, un pour chaque mois de l’année. Pourquoi pas…
Petite note sur les ingrédients et le matériel :
• Le « shortening » (graisse alimentaire solidifiée) se trouve également en version végétale (celle que j’utilise), ce qui a le mérite de rendre la recette accessible pour des végétariens. Il est important de veiller à sa qualité étant donné les produits que les grandes industries alimentaires utilisent (beaucoup de marques utilisent sans vergogne des OGM). On en trouve en ligne, mais il est souvent difficile de s’en procurer rapidement en France. L’ingrédient originel étant la graisse de bœuf. Je penser qu’on peut utiliser également du saindoux, mais je n’ai jamais eu l’occasion de goûter.
• Pour bien réussir un Christmas pudding, la qualité des fruits confits est primordiale. Si vous avez, comme bien d’entre nous, un budget limité, alors en faire un petit mais très savoureux, est sans doute préférable à un gâteau plus gros et gustativement moins intéressant.
• Dans les recettes françaises que j’ai pu consulter, on propose souvent de mettre du beurre (!). À vos risques et périls : ma mère, aussi bien que ma marraine, toutes deux grandes adeptes de ce gâteau, m’ont toujours dit que le beurre rancirait avec les longues heures de cuisson au bain-marie. Quelques sources consultées disent que cela contribue à le rendre vraiment lourd. Je serais curieuse d’avoir l’avis d’une personne l’ayant fait.
• Vous aurez besoin un grand moule à pudding ou un contenant (ni Graal, ni bocal) qui pourra faire office de. Comme un grand récipient de type « cul de poule » en terre, en verre, pourvu qu’il puisse résister aux changements de température.
Il faut que le bol soit assez grand vu la quantité (à adapter éventuellement), et qu’il ait un rebord pour y attacher le linge qui servira de « poignées ». Il est important qu’il reste un ou deux centimètres de marge et que le moule ne soit pas plein à ras bord.
• À l’instar de tous les gâteaux ancrés dans une tradition, il existe une multitude de variantes, chaque famille ayant sa recette. Certaines comportent des amandes, de la pomme hachée… Les ingrédients utilisés sont traditionnellement au nombre de treize, représentant le Christ et les Apôtres. Voici ces treize ingrédients : des raisins de Corinthe, des raisins Muscat, la graisse de bœuf, du sucre brun, la chapelure, des écorces de cédrat, de citron, d’orange, la farine, du quatre-épice, des œufs, du lait et du brandy.
À propos des charmes glissés dans le Pudding :
Il était courant de rajouter dans la pâte de menus objets censés représenter, pour son découvreur, la fortune de l’année à venir. La liste de ces charmes varient apparemment beaucoup suivant les sources, aussi je ne citerai que ceux évoqués par ma mère.
– La pièce d’argent symbolisait la richesse et la bonne fortune.
– Un bouton, trouvé par un homme célibataire, signifiait que celui ci le resterait pour l’année entière.
– Le dé à coudre, trouvé par une femme célibataire, signifiait la même chose. Il est parfois considéré comme un signe de disputes.
– L’anneau promettait un mariage dans l’année.
– On rajoutait parfois un morceau de charbon (!) ou un autre objet qui indiquait littéralement « la poisse intégrale. »
Il convient de garder à l’esprit que leur signification respective est corrélée à l’époque victorienne. Il est tout à fait possible d’en garder le sens tout en l’adaptant un peu. Ainsi, l’anneau ne sera pas forcément synonyme de mariage, mais de chance en amour et dans sa relation de couple si tel est le cas.
Faut-il ajouter un objet « porte-poisse » dans un gâteau de Noël ? Je sais que cette option à ses défenseurs, qui vous diront que cela reflète la réalité de la vie, et qu’il faut arrêter de vouloir toujours n’avoir que des signes de bonnes fortunes et faire fi des autres. C’est une vision.
Personnellement, je suis plus mesurée. Dans tous les cas, garder à l’esprit que Noël est parfois une période stressante pour certains (tensions dans les familles, nervosités, etc), considérer les événements de vie de chacune des personnes à votre table (au moins les plus récents et les plus sensibles) et réfléchir à la signification que vous allez donner à chacun de ces charmes est, à mon sens, une preuve de bon sens. Je préfère contribuer à créer de beaux souvenirs, et la tradition devrait engendrer une cohésion et un sentiment d’union, mais ceci n’est que mon humble avis et, encore heureux, chacun est libre de faire comme il l’entend.
Ces ajouts ne sont bien évidemment pas obligatoire. Si vous décidez de le faire, n’oubliez pas de les stériliser, de prendre des matériaux qui ne seront pas toxiques (pensez à la chaleur dégagée par la cuisson, notamment pour les pièces de monnaie…) et prévenez AVANT que l’on ne commence à manger le Pudding : personne ne souhaite se casser une dent sur un objet surprise.
Voici la recette que nous utilisons chez nous. Vous êtes bien entendu tout à fait libre et même encouragés à l’adapter à vos goûts, à votre histoire familiale, à vos symboles et à ce que vous trouvez chez vos fournisseurs préférés.
Si vous le faites pour la première fois et que vous n’êtes pas certain d’aimer, n’hésitez pas à diviser les quantités par deux (le pudding est vraiment gros, normalement, la recette propose d’en faire soit un gros, soit deux petits avec cette quantité).

« Christmas pudding » par James Pett (CC BY-SA 2.0 via Wikimedia Commons)
Ingrédients :
225 g de chapelure
225 g de farine
350 g de gras de bœuf ou de « shortening »
225g de sucre demerara (ou sucre de canne entier, pas la version raffinée colorée au caramel)
275 g de raisin de corinthe
275 g de raisin de Smyrne
(ou trois variétés différentes de raisins divisés en part de 225g /225g/100g. Comme il est parfois délicat de trouver trois variétés différentes, ma famille adaptait la recette suivant les proportions que j’ai donné plus haut)
225 g d’écorces confites d’orange et de citron (à remplacer ou à compléter par un mix de fruits confits au besoin)
1/5 c. à thé de 4 épices
1/5 c. à thé de noix de muscade
1 c. à thé de sel
4 œufs
150 ml de lait (végétal ou non)
1 verre à vin de brandy (soit 25 cl)
« Hard Sauce »
100g de beurre (ou de très très bonne margarine.)
50 g de sucre glace
2 – 3 c. à soupe de brandy
1/2 c. à thé de zeste de citron
Dans un grand bol, mélanger ensembles tous les ingrédients secs. Rajouter la graisse que l’on a préalablement fait fondre.
Dans un autre petit bol, battre les œufs, rajouter le lait et le brandy puis incorporer au mélange sec. Si on souhaite rajouter dans la pâte les petits objets, c’est maintenant.
Placer dans le bol à pudding qui sera utilisé pour la cuisson.
On va maintenant emballer le gâteau : on coupe une feuille de papier sulfurisé qui va recouvrir le moule et on l’attache en passant une ficelle autour du moule, juste sous la rainure et on serre très fort (vous aurez besoin d’une aide pour maintenir le nœud), un peu comme pour les confitures maison, quand on fixe la cellophane avec un élastique. Ensuite on prend un torchon ou une pièce de tissu (lin ou coton, non teint) et on refait la même chose sauf qu’on relève les coins du tissu pour les nouer et en faire des poignées. (Attention, c’est souvent très lourd : si les nœuds sont trop lâches, c’est un coup à se retrouver avec tout étalé par terre).
Le pudding doit maintenant reposer 12h à température ambiante pour que les arômes se développent.
Le lendemain, remplir une marmite qui doit pouvoir contenir le moule, mettre de l’eau à bouillir et faire cuire au bain-marie, l’eau doit arriver à peu près à 3-5 cm du haut du moule. On recouvre et on laisse cuire au moins 5 h (en fonction de la taille du moule, de la marmite, etc) tout en surveillant le niveau de l’eau dans la marmite.
Quand le pudding a cuit au moins 5h, on retire les « couvre-chef » utilisés pendant la cuisson et on en met des secs. Puis on le place dans un endroit frais et sec pendant au moins un mois.
Le 24 décembre (ce dessert se sert normalement le soir du réveillon), on le refait cuire pendant 2h, avant de le démouler.
Pour faire la « hard sauce » : prendre le beurre (ou la margarine) amolli à température ambiante et le battre avec le sucre glace jusqu’à l’obtention d’une mixture très légère. Ajouter le brandy et le zeste, rebattre un peu. Placer au réfrigérateur jusqu’au moment de servir.
On l’arrose généreusement de brandy (certains « nourrissent » le pudding de brandy en le lardant de coup de couteau et en versant une petite quantité d’alcool avant de le laisser reposer. De la sorte, il est « bourré de combustible » pour le jour J), on pose une petite branche de houx (censé représenter la Couronne d’Épines. En tant que païen on peut y voir bien d’autres choses, évidemment) sur le dessus (nous n’avons jamais placé la branche de houx, pour des raisons pratiques) et on le flambe. Les lumières doivent être éteintes, et le Christmas Pudding arrive sur la table auréolé de flammes bleues. Il est d’usage de garder le silence avant d’applaudir tandis que l’on rallume les lumières avant de le servir, accompagné de « hard sauce » ou / et de crème anglaise, l’important étant le contraste chaud-froid entre le gâteau et les sauces.
Le fait de flamber ce pudding et les flammes bleues sont parfois associées à la Passion du Christ, raison pour laquelle on observe normalement le silence. À un niveau païen, on peut y voir la mort et la renaissance du Soleil pendant les Douze Jours de Yule.
Génération Kali Yuga
Lu sur le site du Nouvel Obs’ : le témoignage édifiant d’une prof de la génération 68.
« Eleusie de Mortagne est enseignante dans un collège du nord de la France. Tout le week-end, alors que les attentats ont secoué Paris et tué au moins 129 personnes, elle a pensé à ce qu’elle dirait à ses élèves ce lundi matin. Comment faire face aux questions des enfants ?
Plus ça va, moins ça va. C’est comme ça que j’ai vécu mon week-end. À mesure que les minutes passaient, les tweets et les textos défilaient, je me suis demandé comment on allait réagir ce lundi matin au collège. Aux e-mails du rectorat, du ministère, de mon chef d’établissement se sont ajoutés ceux de mes collègues. Au total il y en a eu plus d’une dizaine. Le ton était le même partout : « On attaque par quel bout ? » Tout le monde semblait dans le potage, même nos référents institutionnels. Je dois dire que ça ne m’a pas rassurée. […]
Et puis ce lundi matin est arrivé. J’avais très peur de la réaction des enfants, mais ça s’est bien passé. Beaucoup mieux qu’en janvier. Ce que je vais dire est terrifiant, et j’en ai conscience, mais j’ai le sentiment que ces ados de treize ou quatorze ans se sont habitués à ce climat post-attentats. […]
En revanche, pendant qu’un élève s’inquiétait que l’État islamique ne possède un jour la bombe atomique, d’autres se demandaient pourquoi on n’allait pas « leur péter la gueule » ? « Madame, en histoire [sic] on a vu l’armée rouge, on a vu la puissance de la Russie. Si on s’y met avec eux, avec les Anglais et les Américains, on les écrase en trois jours. » […]
J’ai essayé de répondre, dans la mesure du possible. Après, sur le fond des attentats, je n’en sais pas plus que tout le monde. […] Je suis enseignante certes, mais je suis aussi une maman de deux enfants, qui essaie de ne pas pleurer à l’idée qu’ils soient loin. Je suis une femme qui a la trouille et qui fait tout pour la tenir en bride.
Il ne faut pas se faire d’illusion. Ce n’est que la première journée. Nous mettrons bien plus de 24 heures pour gérer toute cette tension, prégnante chez les enfants mais surtout chez les enseignants. À treize ou quatorze ans, ils ont encore une part d’inconscience. Heureusement.
Nous, on le sent bien ce nuage noir au loin. Dans le collège, on a la gueule de bois. Aucun des adultes n’était préparé à devoir faire face à une telle situation. Quand les parents nous regardent et nous traitent en êtres infaillibles, parfaits, je me dis que j’ai grandi, tout comme eux, dans un pays en paix. Et que rien ne nous a préparés à réagir à un tel drame, tout profs que nous sommes. »
La génération née après 1945 restera dans les annales pour avoir été la première à croire en une Pax Europaea sans fin. Son héritière directe, la génération post-68, comme la dernière à avoir pris ce fantasme pour une réalité.
Générations du Progrès qui entrez à présent dans le passé, nous vous rendons les honneurs funèbres qui vous sont dus, conformément à l’Antique Coutume. Pour nous avoir engendré, et nous avoir illustré avec brio cette maxime : si vis pacem, para bellum.
Ce « nuage noir au loin » vous chagrine comme des retraités cuvant leur ultime gueule de bois dans une chaise longue, et qui auraient voulu profiter encore un peu des derniers rayons du crépuscule. Mais pour nous, c’est le visage de l’avenir. Voilà pourquoi nous l’accueillons, tout naturellement, avec ce sang-froid que nous prenez pour de l’insouciance. L’insouciance, c’était votre vertu cardinale. La nôtre sera le stoïcisme.
Car nous sommes la génération Kali Yuga ; et, tournant le dos aux lueurs rouge-rose de l’occident, nous savons que c’est seulement par un long voyage au bout de la nuit que nous atteindrons notre aube dorée.
« Madame, en Histoire on a vu l’armée rouge, on a vu la puissance de la Russie. Si on s’y met avec eux, avec les Anglais et les Américains, on les écrase en trois jours. » Pense-bête pour l’avenir : veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse.
Herboristeria : contra rhumus chiantus
Le solstice approche, avec son froid vivifiant… Du coup, on a beau faire gaffe et sortir couvert (ce qui est généralement une bonne idée, les MST c’est pas que l’été), c’est assez rare qu’on ne finisse pas par se choper un petit cadeau tout mignon, gentil rhume au mieux et sale grippe au pire, avec souvent quelque chose entre les deux qui implique diverses angines et éructations.
Il y a bien entendu l’option hertkärn, comme on dirait en Alsace. Du genre « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ». Pas question de perdre du temps et de l’argent, de toute manière la Sécu’ c’est pour les faibles et autant limiter la déforestation en se mouchant sur les gens qui ne baissent pas les yeux dans la rue. Ça semble légitime, mais dans les faits c’est quand même un peu compliqué ; et puis c’est dommage de barler gomme za quand on est un(e) viking trop viril(e).
C’est à ce moment-là que vous vous dites que le Progrès, c’est vraiment trop génial (comme le cheval dans les lasagnes). Il suffit de décrocher son téléphone pour prendre un rendez-vous chez le médecin pour amputer une partie de votre week-end dans sa salle d’attente ! Bah oui, en journée vous devez bosser, sauf si vous êtes un parasite indigne de respirer. Et là, hop, c’est Noël avant l’heure, pour les quelques eurosous de votre tiers payant vous vous retrouvez avec une liste longue comme le bras de cachetons et sirops miraculeux, sans aucun effets secondaires. Enfin, sauf l’anti-inflammatoire, mais vous avez un médoc’ supplémentaire pour les minimiser, pas bête la bête. En plus, vu que « ça fait tourner l’économie » en profitant à l’industrie pharmaceutique, tout va bien, que demande le peuple ? A se demander comment on faisait avant. Avant quand, d’ailleurs ? Oh, pas si longtemps en fait, depuis une loi concoctée par un gouvernement éclairé en 1941, le même qui a mis au point la région « Pays de la Loire » avec le château des ducs de Bretagne dedans. Avant, donc, il y avait un métier qui s’appelait herboriste, c’est-à-dire quelqu’un qui soigne avec des plantes.
Wassail : chanson, don et arbres sacrés
« Here we come a-wassailing », ou plus simplement « Wassail song », est un chant traditionnel anglais, datant au moins de la fin du Moyen-Âge. Le wassail est une coutume germanique qui consiste à porter un toast en l’honneur de quelqu’un tout en lui disant waes hael, qu’on peut traduire par « salut à toi » ou « sois béni ». La personne ainsi honorée devait répondre drinc hael, « bénie soit ta boisson ». Nous perpétuons d’ailleurs une forme de cette tradition chaque fois que nous trinquons, et elle reste donc particulièrement vivace chez nos amis slaves. De nombreux groupes païens utilisent ces formules chaque fois que la corne sacrée passe de main en main pendant le symbel, le banquet rituel semblable à celui qui sert de cadre au Banquet de Platon.
Yule : fêter le solstice d’hiver
L’année est sans doute le meilleur moyen de saisir la nature cyclique de notre existence. On est souvent trop habitué à la succession des aubes et des crépuscules, et trop occupé au quotidien, pour les célébrer dignement. La lune a été bannie de notre vision du monde ; et les évènements de la vie, de la naissance au décès, sont trop espacés pour faire transparaître nettement la courbure du temps qui les relie.
Le calendrier annuel, lui, montre clairement le flux et le reflux des jours et des nuits. Il comporte un point d’inflexion fondamental : la période du solstice d’hiver, où les jours sont les plus courts mais pourtant marquent le début du racourcissement des longues nuits glacées. Des constructions mégalithiques telles que le cairn de Gavrinis ou le tumulus de Newgrange sont orientées au lever du soleil à cette date, indiquant qu’elle est considérée comme sacrée en Europe depuis au moins 5500 ans. Aucune trace de sa célébration par des druides ne nous est parvenue, mais les traditions baltiques (Kučios et Kaledos), slaves (Korochun ou Koliada), romaines (Saturnales, puis le Dies Natalis Solis Invicti) et scandinaves (Jul) montrent qu’ils s’agissait d’une période particulière dans le calendrier européen.
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