Sur les terres de France, le Cycle de Mai s’ouvre dans la nuit qui mène au 1er Mai. Ce n’est pas sous le nom de Beltane qu’on le célèbre. On le nomme généralement, tout simplement, Le Mai. En Bretagne c’est plutôt Kala-Hañv, Moselle germanique Hexenaat, et Walpurgisnacht en Alsace.
Les paganismes européens ont des règles (orthopraxie), et c’est justement ce qui leur permet de ne pas avoir de dogmes (orthodoxie). Sans pratiques rituelles communes, si chacun fait « comme il le sent » plutôt que « comme il faut faire », les débats idéologiques prennent une importance démesurée : chacun doit alors penser « comme il faut penser » plutôt que « comme il le sent ». La liberté dans la pratique qu’on imagine gagner en laissant l’orthopraxie de côté, on la perd en liberté d’opinion, parce que le fait d’appartenir au groupe se fait alors sur un critère d’orthodoxie.
Sacrifice romain
Tout groupe religieux est basé sur le fait que ses membres ont quelque chose en commun. Chez les païens romains qui ont inventé le mot, la religio est ce qui relie. Il est naturellement possible d’avoir une spiritualité sans avoir de religion, et c’est même très fréquent à l’heure actuelle, mais il s’agit là d’une mutation sociétale qu’on observe dans l’Occident moderne suite à la christianisation et à la révolution industrielle, pas de quelque chose qui serait propre au paganisme. Ce blog prend le parti que nous avons beaucoup à apprendre des peuples indigènes de notre planète, et que la seule solution d’avenir pour notre espèce est que les Européens redeviennent des indigènes d’Europe, au lieu d’achever leur mutation définitive en Occidentaux modernes. Il nous faut donc à la fois ré-apprendre à faire partie d’un groupe religieux (comme remède à l’individualisme général), mais aussi ré-apprendre l’orthopraxie et la valeur de celle-ci (comme remède à l’orthodoxie, qui cloisonne en différents groupes ceux qui ont des opinions différentes, empêchant donc la circulation des idées).
Lorsqu’un groupe religieux n’a pas d’orthopraxie, donc pas de norme de pratique, c’est qu’il est basé sur une forme d’orthodoxie. La déviation par rapport à cette norme de pensée devient donc perçue comme négative, quand elle n’est pas activement pourchassée. Il devient donc difficile de tenir un autre discours sur la nature des Divinités (sont-elles des archétypes ? des égrégores ? des aspects d’une puissance divine unique et inexprimable, ou d’un Dieu et d’une Déesse ? des entités conscientes et indépendantes ?), sur l’importance de l’ascendance et des Ancêtres (est-il interdit pour quelqu’un d’ascendance extra-européenne de prier des Divinités européennes ? possible, mais rare et ne devant pas être spécialement encouragé ? non seulement possible, mais aussi souhaitable, ainsi que l’inverse ?), et sur tout un tas d’autres sujets. La plupart du temps, ce sont des sujets tout à fait théoriques, qui n’ont aucun impact sur la pratique réelle du groupe. La sagesse voudrait qu’on puisse éventuellement en discuter, mais qu’on accorde à cela une importance tout à fait mineure par rapport aux activités concrètes d’un groupe religieux.
Kanamara Matsuri, festival shinto récoltant des dons pour la lutte contre le VIH
Ces activités concrètes sont pourtant vitales et hautement significatives. Il y a, premièrement, urgence quant au fait d’enseigner les mythes, qui sont parfois à reconstruire ou à retraduire, et trop souvent mal connus, lus sur des supports écrits plutôt que déclamés en musique ou mis en scène en spectacles comme le veut la tradition. Il y a, deuxièmement, urgence quant au fait de pratiquer les rites, tous les rites, pas seulement les rites saisonniers mais aussi ceux du quotidien et des grands moments de la vie (naissance, mariage, décès) ; pas seulement ceux des Divinités mais aussi ceux des Ancêtres et des Génies locaux ; pas seulement par de courts rituels mais aussi par des processions, des chants, des danses, des jeux, et des banquets ; pas seulement à la maison ou de manière sauvage dans des lieux publics temporairement sacralisés puis désacralisés, mais dans des sanctuaires permanents dûment aménagés selon la tradition. Et il y a, troisièmement, urgence quant au fait de mettre en oeuvre une éthique commune dans notre rapport au monde, en faisant à nouveau une réalité concrète des lois de l’hospitalité, de la préservation de la Nature sacrée, et du respect de la parole donnée.
Même lorsqu’un groupe réussit à se préserver des scissions entre orthodoxes et hétérodoxes en bannissant tout débat d’idée (ce qui ne fait que limiter la casse, puisqu’il serait préférable de pouvoir discuter librement), le regroupement par affinités continue de fonctionner. Et s’il ne peut se faire sur la base d’une pensée commune ou d’une pratique commune, il se fait sur des bases politiques ou sociologiques. L’appartenance à une sous-culture commune (musique metal, « communauté » de telle ou telle plateforme de blogging, …), ou à une classe d’âge (les « jeunes » ne veulent pas se mêler aux « vieux » : un mal moderne très bien ancré dans le néopaganisme, qui rend impossible toute tentative de reconstruire une tradition) deviennent des facteurs de ségrégation.
Le groupe de viking metal Hammer Horde : « Notre intérêt quant au paganisme scandinave peut être considéré comme un simple passe-temps. Ce qui nous attire dans ce sujet n’est rien d’autre qu’une fascination moderne. […] Aucun d’entre nous n’a de spiritualité dans un sens religieux. Nous ne sommes pas Asatru, Néo-païens, ou Odinistes. »
En plus de cela, l’absence d’orthopraxie est parfois mise en avant comme une forme d’ouverture vis-à-vis des débutants. C’est bien souvent l’inverse qui est vrai. Ceux qui découvrent l’existence des religions païennes sont généralement avides d’apprendre à les pratiquer de manière traditionnelle, car c’est ce qui les attire. Leur répondre qu’ils doivent faire « comme ils le sentent », ou les renvoyer simplement vers des montagnes de thèses universitaires contradictoires pour « se forger leur propre opinion », ne les aide aucunement à se sentir inclus (ils se tournent alors vers des sources moins fiables, quand elles ne sont pas clairement fantaisistes, mais qui ont le mérite de proposer des instructions clé-en-main). Bien au contraire, avoir une manière de faire qui leur soit clairement détaillée et expliquée leur permet de se mettre au même niveau que les pratiquants de plus longue date, et de ne pas se sentir mis à l’écart par des savants qui répondent au compte-goutte à leurs questions.
1er pélerinage sur le Donon, poignée de main entre un membre de la Communitas Populi Romani et du Groupe Druidique des Gaules
Pour conclure sur l’orthopraxie, cela ne signifie aucunement qu’une manière donnée de pratiquer une tradition est la seule bonne et que les autres sont des hérétiques. Dans l’Antiquité, chaque peuple avait ses coutumes, avec sa liturgie et ses interdits. Il ne serait pas venu à l’esprit des Angles de déclarer que les Alamans honoraient mal Odin, et encore moins aux Celtes de dénigrer les Romains pour avoir une tradition religieuse différente de la leur (ou inversement). De la même manière, nous pouvons aujourd’hui avoir différents groupes locaux de tradition celtique, germanique, romaine, qui célèbrent à leur manière, et se regroupent annuellement pour célébrer des rites plus importants, en signe de fraternité, en se mettant d’accord sur une manière de faire pour cette occasion (et seulement pour cette occasion). C’est d’une certaine manière la démarche des projets soutenus par l’Assemblée Païenne des Gaules, comme le rite annuel de la fondation de Lyon (Fons Lugduni) ou les pélerinages annuels du Mont Dumias au Puy de Dôme et du Donon en Alsace. C’est ce type d’état d’esprit qui permet à la fois d’être ancré dans un héritage sacré et de pouvoir dialoguer librement.
N’oublions jamais que les coutumes antiques, avec leur prescriptions et leurs interdits, permettaient aux Celtes, aux Germains, aux Slaves, aux Romains, aux Grecs, aux Egyptiens, de cohabiter. De la même manière, c’était une époque de foisonnement intellectuel, où des écoles philosophiques ayant une vision du monde diamétralement opposée débattaient en toute liberté : néoplatoniciens, cyniques, stoïques, épicuriens, pythagoriciens… De même, en Inde, les brahmanes qui pratiquaient les rites selon les Védas appartenaient à six écoles philosophiques différentes, dont certaines étaient athées (école Mîmâmsâ : les rites permettent la libération de l’âme grâce au pouvoir des mantras, les dieux n’ont pas d’autre existence ou d’autre pouvoir que celui de leur nom) ou possédaient des courants athées (école Nyâya qui recherche la compréhension rationnelle de chaque phénomène, école Sâmkhya qui postule que l’existence des dieux est impossible à prouver et que l’important est d’avoir un comportement conforme à la loi sacrée et immuable du cosmos).
Dans tous les cas, des philosophes aux opinions différentes, des aristocrates aux intérêts politiques opposés, et des travailleurs se préoccupant peu des débats intellectuels, pouvaient partager un moment de fraternité en participant au même rite, et affirmer leur attachement à des valeurs telles que le pluralisme des idées. Tout ceci étant possible non seulement malgré une orthopraxie rigide, mais aussi grâce à elle, alors qu’on voudrait la faire passer aujourd’hui pour une forme d’intolérance ou un facteur d’exclusion.
Dans les bois j’ai vu un arbre
C’était un très bel arbre :
{Ce bel arbre avait un tronc
Et sur ce tronc, y’avait une branche,
Sur cette branche, y’avait un nid,
Et dans ce nid, y’avait un oeuf,
Dans cet oeuf, un oisilon,
Qui perdit une petite plume
De la plume, on fit un lit…
Sur ce lit, y’avait une fille,
Sur cette fille, y’avait un gars,
De ce gars, une semence,
De la semence, un p’tit garçon,
Le garçon devint un homme,
Pour cet homme, on fit une tombe,
In the woods there grew a tree A fine, fine tree was he
On that tree there was a limb And on that limb there was a branch On that branch there was a nest And in that nest there was an egg In that egg there was a bird And from that bird a feather came Of that feather was a bed
On that bed there was a girl And on that girl there was a man From that man there was a seed And from that seed there was a boy From that boy there was a man And for that man there was a grave From that grave there grew a tree
In Sumerisle, Sumerisle, Sumerisle, Sumerisle, Sumerisle
Trois morceaux de musique traditionnelle pour accompagner Jare Gody, la célébration polonaise de l’équinoxe de printemps.
Plus de détails sur les rites de Jare Gody dans un prochain article, n’hésitez pas à vous abonner par mail (en haut à gauche) ou par la page Facebook du Chat Poron !
Toutes les traditions européennes, et bien d’autres au-delà, accordent au corps un rôle fondamental. Pour commencer, il est notre véhicule dans le cycle de la Vie, indispensable au cheminement de notre être dans son ensemble. En tant que tel, il est le principal facteur qui détermine nos capacités d’action, donc la concrétisation de nos choix éthiques, car une bonne intention non-réalisée est littéralement irréelle, nulle et non-avenue. Il est donc un élément à part entière de notre identité. De plus, le corps symbolise parfaitement les liens qui nous unissent à notre lignée : nous l’héritons de nos Ancêtres, mais c’est notre responsabilité de le préserver et de le développer.
Dans les pratiques dites « magiques », le plan physique revêt une grande importance. Par le biais des Esprits, on peut se métamorphoser ou transformer autrui, projeter son double sous une forme animale pour voyager dans des endroits bien matériels, provoquer ou guérir des maladies… On retrouve ici le fameux « l’esprit domine la matière » dont les courants new-age sont friands. Cependant, on observe que les états de transe permettant ces opérations sont induits par une modification des processus physiologiques : jeûne ou privation de sommeil, danses et sauts, modulation de la respiration, substances psychoactives, vibrations des tambours ou des chants. Ces techniques, pour être maîtrisées, nécessitent donc d’avoir une bonne condition physique, sans laquelle la sensibilité spirituelle est au mieux inutile, au pire dangereuse.
Il est intéressant de constater que les philosophies hindoues, héritières d’une tradition païenne ininterrompue, considèrent aussi que le corps et l’esprit sont profondément intriqués, que les sens et même la pensée sont des phénomènes physiques. Le bouddhisme, qui a passé les doctrines hindoues au crible de la réflexion logique et de l’expérimentation par la méditation, a conservé et même renforcé cette vision des choses… Or, c’est également ce que nous apprennent les recherches menées en neurobiologie depuis plus de deux siècles, et qui se sont accélérées depuis que des scanners plus perfectionnés sont disponibles : notre cerveau et nos nerfs fonctionnent par des influx électro-chimiques, réagissant à notre environnement selon les structures établies par nos gènes et notre mode de vie. Nos émotions peuvent affecter notre santé de manière psychosomatique, mais à l’inverse les influences externes auxquelles on s’expose influencent profondément le fonctionnement de notre cerveau (y compris par le système nerveux entérique qui relie intestin et cerveau, et qui est très sensible aux variations de flore intestinale).
L’alimentation et le sommeil devraient donc être des priorités pour tout païen conscient. Les habitudes sous-jacentes à la société post-industrielle sont extrêmement néfastes pour notre santé physique comme mentale. Sans même parler de la foule d’additifs, les produits de l’industrie agro-alimentaire sont généralement trop caloriques, trop sucrés, trop salés, trop riches en matières grasses délétères ; mais pauvre en vitamines, en minéraux, en fibres et en acides gras essentiels. Les produits animaux, en particulier, tendent à concentrer les toxines à cause de leur position dans la chaîne alimentaire, et sont beaucoup trop présents dans notre alimentation (55% de l’apport calorique français, sachant que la fourchette conseillée par l’OMS est entre 15% et 30%).
Ainsi, dès que j’invite des frères et soeurs de clan chez moi ou même quand nous allons camper près de notre clairière, nous tenons à préparer nous-même le repas à partir d’aliments bruts, ce qui revient d’ailleurs bien moins cher. Nous favorisons les céréales complètes et les protéines végétales (légumineuses type pois et lentilles, oléagineux type noix et noisettes) en-dehors des grandes fêtes où nous pouvons nous permettre d’avoir de la viande de qualité correcte. Pour rappel, de plus en plus de viandes importées, y compris d’origine européenne, ne sont pas soumis à nos normes sanitaires : traitements antibiotiques sans contrôle vétérinaire, fourrage aux OGM sans obligation d’étiquetage, etc.
Quant au sommeil, une foule d’étude lie les cycles irréguliers et la fatigue chronique à des risques accrus de diabète, de maladies cardiovasculaires, de cancers et de maladies psychiatriques comme la dépression clinique, ainsi qu’au déclin de la mémoire et des capacités cognitives. Les lumières blanches ou bleues, type écrans d’ordinateurs ou de téléphones, participent au dérèglement de l’horloge biologique quand elles sont utilisées juste avant le coucher. Autant que possible, je dîne tôt, en quantités raisonnables, et j’ai une heure limite à partir de laquelle je ne fais rien d’autre que régler les dernières tâches qui ne peuvent attendre le lendemain. Ensuite, je m’accorde une 30 à 60 minutes de lumière tamisée et d’activités plus calmes (douche, lecture, méditation) qui permettent d’être interrompues dès que le pic de fatigue se fait sentir. Ça ne compte pas vraiment comme du temps perdu, puisqu’en général le gain de temps à l’endormissement représente la moitié de cette phase-tampon.
Un minimum d’activité physique est également indispensable à notre santé. Je ne parle pas des sportifs plus ou moins dopés, à l’intellect et aux mœurs plus ou moins discutables ; ni du diktat des magazines de modes qui poussent des foules de personnes culpabilisées dans les salles de musculation. Notre organisme est tout simplement adapté à un mode de vie beaucoup plus actif que le nôtre, beaucoup trop récent pour que les processus évolutifs ne fassent effet. Une heure de sport par semaine, ou trois heures de marche, sont le minimum pour ne pas dégrader notre état ; mais on devrait pousser jusqu’à 6h de sport par semaine ou 18h de marche si l’emploi du temps le permet et qu’il n’y a pas de contraintes médicales. 2×45 minutes de sport et 4h30 de marche constituent un bon objectif, auquel j’arrive à peu près à me tenir depuis que j’ai réglé quelques soucis de dos.
La grande question étant : quel sport ? La marche est rarement contre-indiquée, ne nécessite pas d’équipement particulier, et peut parfois se placer dans son emploi du temps quotidien à la place de la voiture ou des transports en commun. On peut aussi opter pour le vélo, qui fait gagner du temps de trajet, ou courir pour optimiser le ratio dépense/durée de l’exercice. Attention aux problèmes de dos ou d’articulation pour la course, le but n’est pas de battre un record mais d’optimiser votre santé ! Si vous avez accès à un club ou à un professeur qui prend en compte vos éventuels problèmes, je conseille particulièrement le yoga, qui fait travailler les muscles, les articulations et le souffle tout en préparant aux techniques de méditation. Les pratiques taoïstes comme le tai-qi ou le qi-gong, plus axées sur le mouvement, peuvent également être de très bons choix. Pour ceux qui souhaiteraient rester dans un cadre plus « local » ou moins spirituel, la danse est une excellente option trop souvent négligée. J’y reviendrai dans un autre article, mais un peuple qui ne danse pas est un peuple mort. Il y a des cercles de danse bretonne un peu partout en France et même dans le monde, qui sont toujours parfaitement ouverts aux débutants. Si vous ne vous sentez pas spécialement d’âme celtique, vous pouvez tout de même chercher si il y a un club de danse traditionnelle (ou moins traditionnelle) près de chez vous, de votre terroir ou d’ailleurs.
Enfin, les arts martiaux ou sports de combat sont à la fois des moyens d’optimiser sa santé, de grandir spirituellement et de développer des capacités nécessaires à l’application de son éthique. Boxe, lutte, gouren, canne, escrime, autodéfense, ainsi que ju-jitsu, karaté, kung fu et autres, la liste est longue. Les goûts personnels sont des facteurs déterminants, mais prêtez surtout attention à l’enseignant et à l’état d’esprit des élèves. Sont-ils là pour la compétition, pour suivre une voie vers la sagesse, pour apprendre à se défendre en cas d’agression réelle, pour se défouler ? N’hésitez pas à venir faire une séance d’essai dans différents clubs ou dojos avant de faire votre choix. Une année de remise en forme active avant d’attaquer ce genre d’activités peut aussi être bénéfique, pour éviter de se démotiver après trois mois de galère sans progresser car on est largué physiquement.
Pour finir, je voudrais aborder deux points trop souvent mis de côté. Comme dit plus haut, l’usage de substances psychoactives est tellement répandu dans le temps et dans l’espace que c’est quasiment une part de la nature humaine. Cela peut se faire dans différentes optiques : thérapeutique, spirituelle, sociale, … Toutefois, la consommation purement hédoniste et l’addiction sont des phénomènes assez rares historiquement, qui ont explosé à partir de l’industrialisation et de l’urbanisation. Malgré le fait que les gouvernements aient décidé de ne pas inclure divers médicaments, l’alcool et le tabac parmi les drogues, il faut bien garder à l’esprit qu’ils en font bien partie, et plutôt dans la catégorie « drogues dures ». De plus, les effets néfastes de leur consommation chronique ou abusive sont très loin d’être négligeables.
Si vous êtes actuellement en état d’addiction au tabac, à l’alcool, ou à quoi que ce soit (à part peut-être un traitement médical en cours et non-remplaçable par d’autres approches), vous devriez mettre bien en haut de votre liste de priorités le fait d’arriver à une consommation non-journalière – ou au moins de réduire les doses. Je ne vais pas jouer au moralisateur puisque ce n’est pas « mal » en soi : simplement je considère qu’il est de mon devoir en tant qu’indigène de faire ce que je peux pour convaincre mes frères et sœurs de cesser de s’empoisonner jour après jour, et de libérer leur volonté de ces entraves pour accomplir pleinement leur destin.
Pour finir cette masturbation intellectuelle sur une note plus concrète, deuxième point tendancieux : le sexe et la nudité. Les païens n’ont pas de « péché de luxure ». Le plaisir sexuel est parfaitement normal et favorable au bon développement d’un organisme sain, et se défaire de certaines inhibitions et névroses collectives à ce niveau-là est plutôt une bonne idée. Idem, je suis fondamentalement opposé au « slut-shaming » et à ce mouvement antijupes qui va en s’accélérant dans certaines villes : disons que mes habitudes sont plutôt plages naturistes de la Baltique et saunas collectifs sans arrières-pensées que cosplay transgenre de Batman. Pour autant, l’hypersexualisation de la femme à des fins publicitaires, le « si t’as pas couché avant x ans t’as raté ta vie, on est plus au Moyen-Âge » (x diminuant visiblement d’un an tous les dix ans), ne m’enchantent pas spécialement. L’éloge de l’infidélité et du divorce au bout de dix ans, sous prétexte d’épanouissement personnel, non plus. En fait, tout ce qui tend à faire du « sex, drugs & rock’n’roll » (donc du culte de l’ego et du plaisir facile) le but suprême et universel de l’existence m’inspire à peu près autant de sympathie que le puritanisme le plus étroit… même en remplaçant rock’n’roll par n’importe quelle chapelle du metal.
Spartiate, Ve siècle avant l’ère commune (?)
Pour le bien-être de chacun et de notre société il me semble qu’il y a un minimum de responsabilités à avoir dans le couple, surtout au niveau des enfants adultérins, des maladies sexuellement transmissibles, etc. Je n’ai rien contre le fait d’avoir plusieurs partenaires sexuels, mais pas sans dialogue et confiance réciproque. Un cadre familial stable, où on peut compter sur des relations inter-partenaires (et, le cas échéant, parents-enfants) assez fiables pour ne pas se poignarder dans le dos ou faire ses valises un beau matin, est tout simplement un rempart indispensable contre l’insécurité matérielle et affective dont se servent les multinationales pour nous manipuler et nous refourguer leurs merdes. Des fringues superflues aux sites de rencontre en passant par la parfumerie et autres cosmétiques, c’est toute une industrie qui se nourrit de notre solitude ou de notre insécurité affective, sans même parler de la prostitution et de la pornographie. Au passage, cette dernière, à haute fréquence, via le lien corps-esprit abordé en début d’article, est bien connue pour provoquer des dérèglements neurochimiques du système de récompense… c’est-à-dire une addiction, avec tout ce qui va avec (troubles de la libido, problèmes relationnels, dépression, etc). Je me sens clairement mieux depuis que je fais confiance à mon imagination en l’absence de ma partenaire.
Bref, prenez soin de vous. Et pas seulement avec du vernis à ongles, ou des rituels de soin trop cools. On vit dans un environnement toxique à tous les niveaux, et notre premier devoir en tant qu’êtres vivants est de faire ce qu’on peut pour ne pas se laisser détruire à petits feux.
Des os et débats