Païens « identitaires » et « universalistes » : un point de vue traditionnel

« Universaliste » ou « identitaire«  ? La question inquisitrice semble devenue incontournable dans le néopaganisme américain, et se répandre en Europe – sans même qu’on prennne le temps de savoir si tout le monde est d’accord sur la définition de ces mots, et y compris dans un cadre se voulant apolitique. Voici donc le point de vue de Robert L. Schreiwer, responsable de l’Urglaawe (« antique croyance », communauté païenne tribaliste, basée sur l’héritage des Deitsch, les Germano-américains de Pennsylvanie). Il est également cadre de l’association américaine The Troth (principale association Asatru du pays ne se revendiquant pas comme identitaire) et rédacteur à Wild Hunt (site d’information païen fortement engagé contre les discriminations raciales).

 

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Robert L. Schreiwer, responsable religieux Deitsch

C’est un débat que j’essaye fermement d’empêcher de contaminer l’Urglaawe. Partout où il passe, la division s’ensuit, et les extrêmes mènent la danse. Nous avons notre propre coutume et notre propre chemin, issu de la réalité engendrée par les premiers migrants allemands qui passèrent d’un continent à l’autre et commencèrent à interagir, échanger, et parfois se métisser avec des tribus indigènes, et aussi avec des colons gallois. Nous définissons nos communautés sur la base de valeurs partagées, de l’amitié, et du frith [NdT : terme intraduisible dans les langues latines, mais qui correspond à l’harmonie sociale conformément à la tradition]. Notre point de vue est celui de la culture germano-américaine, mais il n’est pas besoin d’être un Germano-américain pour prendre part à la communauté de l’Uglaawe. Nous ne  sommes, également, pas « universalistes », parce qu’il y a beaucoup de gens (de toutes les origines ethniques) qui ne sont pas prêts à se séparer du point de vue monothéiste.

La sagesse semble être, pour éviter des conflits internes qui ne font qu’encourager à la radicalisation de chaque camp, écraser le débat (syndrome de la « barricade à deux côtés »), et mener à des exclusions à tout va, de suivre ce tiers chemin.

Nos traditions païennes, parce qu’elles sont basées sur une pratique commune et pas sur une pensée commune, nous permettent de faire vivre ensemble nos coutumes sans partager les mêmes opinions politiques. Parce qu’il y a trop à faire pour perdre du temps en chamailleries : bâtir à nouveau des sanctuaires, restaurer nos grandes fêtes sacrées avec leurs danses et leurs jeux, faire vivre les valeurs fondamentales que sont la protection de la Nature, les lois de l’hospitalité, et le respect de la parole donnée.

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Autel Deitsch à Frau Holle, avec un Irminsûl, la forme germanique de l’Arbre-Monde Yggdrasill (source : The Troth)

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2 réflexions sur “Païens « identitaires » et « universalistes » : un point de vue traditionnel

  1. Ahnentreu

    Est-ce qu’il s’agit d’une interview réalisée par tes soins ou bien une traduction d’un article ?
    Très intéressant en tout cas! Je ne savais pas qu’il y avait une association de ce genre pour nos « cousins » d’Amérique.

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    • C’est une bonne question, parce que ça date un peu. Après recherches google infructueuses pour trouver une interview de lui où il aurait dit ça, je crois me souvenir que c’était sa réponse en commentaire facebook sur le groupe Urglaawe (il y a 2 ans, du coup).

      Mais, oui, en effet, il y a des cousins de l’autre côté de la grande mer, et ils sont même parmi les plus actifs. En deux ans, ils ont encore augmenté en taille et en activité. Il y a un paquet de traditions qu’ils ont gardé, en matière de pratiques magiques, de contes, etc. La volonté de défendre leur particularisme culturel face aux anglophones a fait qu’ils ont conservé énormément de choses qui ont été perdues en Europe à cause de l’industrialisation et de l’exode rural. Pour l’équinoxe d’automne, par exemple, ils ont l’Erntedankfescht qui a lieu soit le 2e dimanche de septembre, soit le 1er dimanche d’octobre, où ils ont l’habitude de déposer sur l’autel de l’église une partie des récoltes de l’année. Y’a aussi un paquet de contes avec des personnages comme Frau Holle, ou comme Oschdre (la déesse Eastre/Ostara que beaucoup considèrent comme étant une invention de Bede le Vénérable), etc.

      http://urglaawe.blogspot.fr/

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